LA PANTHÈRE DES NEIGES

LA PANTHÈRE DES NEIGES

LA PANTHÈRE DES NEIGES

Réalisateur(s) : Marie Amiguet, Vincent Munier
Acteur(s) : Sans acteur connus
Genre(s) : Documentaire
Origine : France
Durée : 1h32
Synopsis : Au coeur des hauts plateaux tibétains, le photographe Vincent Munier entraîne l’écrivain Sylvain Tesson dans sa quête de la panthère des neiges. Il l’initie à l’art délicat de l’affût, à la lecture des traces et à la patience nécessaire pour entrevoir les bêtes. En parcourant les sommets habités par des présences invisibles, les deux hommes tissent un dialogue sur notre place parmi les êtres vivants et célèbrent la beauté du monde.

Rarement périple fut aussi fructueux que cette quête dans l’Est du Tibet, sur des plateaux situés en moyenne à 4.500 m d’altitude, où « il n’y a rien que l’immensité à perte de vue ». En réalité, Vincent Munier et Sylvain Tesson récidivèrent à de multiples reprises, les deux complices ramenant des joyaux de leurs voyages : Tibet : Minéral animal, en 2018, un beau livre des photographies du premier, commentées par la verve poétique du second ; puis, en 2019, ce Prix Renaudot illuminant, signé de Tesson – La Panthère des neiges – dont les lectures réitérées ne parviennent à épuiser le souffle.
Aujourd’hui, la cinéaste Marie Amiguet, discrètement présente dans les creux du livre de Sylvain Tesson, propose son récit de la rencontre des deux artistes voyageurs, tandis qu’ils se confrontent à une nature à sa juste échelle, c’est à dire immense, surplombante, et qui force l’humilité. Assistante de Jean-Michel Bertrand sur La Vallée des loups, Marie Amiguet avait déjà œuvré, dans un lieu des Alpes françaises gardé secret, à un documentaire avec supplément d’âme qu’elle était venue présenter au Jean-Eustache en 2017. Son film au Tibet poursuit cette quête qui l’anime : davantage que montrer des images sublimes, faire prendre conscience de la place étriquée qui est laissée aujourd’hui au monde sauvage – autant dire à la part la plus irremplaçable de notre capacité à nous émerveiller. Sous sa caméra confrontée à des températures polaires, le bestiaire est d’autant plus fascinant qu’il est rare. Les documentaires animaliers montrant des animaux dits imprégnés (c’est à dire habitués à la présence de l’homme pour permettre les prises de vues les plus spectaculaires) nous avaient presque fait oublier que la rareté est le plus petit dénominateur commun du monde naturel. La patience est l’autre grande valeur démodée promue par ce film engagé. Ne pas s’y tromper : loin d’une aridité qui confinerait à d’austères réflexions, La Panthère des neiges insuffle de vivifiantes prises de consciences, au son d’une musique signée par Warren Ellis, avec Nick Cave – rien de moins. C’est à « l’urgence qu’il y a à échapper à notre anthropocentrisme exacerbé, à l’hégémonie dévastatrice de l’espèce humaine sur toutes les autres » que nous confronte le couple de cinéastes, dans ce qui est le plus beau film du mois de décembre. ⎥ Nicolas Milesi

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