LA TRAVERSÉE

LA TRAVERSÉE

LA TRAVERSÉE

Réalisateur(s) : Florence Miailhe
Acteur(s) : Sans acteur connus
Genre(s) : Drame - animation
Origine : France
Durée : 1h20
Synopsis : Un village pillé, une famille en fuite et deux enfants perdus sur les routes de l’exil... Kyona et Adriel tentent d’échapper à ceux qui les traquent pour rejoindre un pays au régime plus clément. Au cours d’un voyage initiatique qui les mènera de l’enfance à l’adolescence, ils traverseront un continent rongé par la chasse aux migrants et devront survivre aux épreuves, à la fois fantastiques et bien réelles, avant d’atteindre un Nouveau Monde, libres.

Depuis 30 ans, Florence Miailhe trace les contours d’une œuvre puissante, à nulle autre pareille. Les 8 courts métrages qui ont précédé La Traversée ont en commun avec ce premier long une esthétique singulière, reconnaissable dès les premières images et qui a contribué, très vite, à imposer la réalisatrice parmi les grands noms du cinéma d’animation. Passionnée par les images en mouvement, celle qui se décrit comme une « autodidacte en animation », formée à l’Ecole nationale des Arts décoratifs, a tout d’abord emprunté les chemins de la gravure et de la peinture avant de venir au cinéma. Dès son premier film, Hammam (1991), Florence Miailhe expérimente une technique qu’elle fera sienne : elle anime directement sous la caméra, et souvent à la peinture à l’huile, nous donnant à voir les traces laissées par les coups de pinceau successifs et répétés qui, in fine, façonneront le mouvement. Le projet de La Traversée est né il y a une quinzaine d’années. Les clichés de migrants que son mari, le photographe et photojournaliste de l’agence Magnum Patrick Zachmann, rapporte des îles de Lampedusa et de Malte constituent un point de départ. Mais plus encore peut-être, le film puise dans l’histoire familiale de la cinéaste, marquée par l’exil de sa grand-mère fuyant Odessa et les pogroms en 1905, emmenant ses 10 enfants jusqu’à Paris. Avec la romancière Marie Desplechin, qui a co-écrit presque tous ses films depuis Hammam, Florence Miailhe fait toutefois le choix délibéré du conte, une forme d’écriture qu’elle affectionne. Kyona et Adriel évoquent les figures de Hansel et Gretel, ils vont croiser sur leur route un couple d’ogres et d’autres figures du malin, mais aussi une Babayaga bienveillante… En contrepoint de séquences réalistes qui documentent une histoire actuelle des migrations et de leurs tragiques corollaires (trafics, prostitution, camps de rétention sordides), des rencontres lumineuses jalonnent l’épopée initiatique des deux adolescents, émaillées de couleurs chatoyantes et d’échappées d’oiseaux multicolores. Le film de Florence Miailhe est une œuvre essentielle, vibrante de poésie et de sensibilité, une ode magnifique à la liberté. Un film que tout amateur de cinéma éclairé se doit de découvrir. ⎥ Anne-Claire Gascoin

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