L’Accident de piano

Quentin Dupieux, le cinéaste français le plus prolifique de ces dernières années (Le Deuxième Acte, Daaaaaalí !, ou encore Yannick) revient cette fois-ci aux origines de son cinéma avec L’Accident de piano, une comédie caustique aux allures de thriller. Le décor est planté dès le début du film avec une ambiance froide. Des montagnes enneigées accompagnées d’un cadrage soigné et très propre rendent le paysage de Haute-Savoie lisse, accentué par un chalet excessivement luxueux, vide et sans âme qui rappelle beaucoup la filmographie de Ruben Östlund (The Square, Sans filtre ou Snow Therapy). C’est dans cet univers, toujours rempli d’absurdité drolatique, que Quentin Dupieux amène le sujet de l’accessibilité de la violence sur internet. Il avait déjà traité la relation entre violence et image dans son film Le Daim en 2019. Cette fois-ci, Magalie Moreau (Adèle Exarchopoulos), une pop-star qui se nourrit uniquement de yaourt, poste des vidéos violentes sur internet. Cette violence exposée aux yeux de tous est un acte facile pour attirer l’attention, ce qui fonctionne avec un étrange fan (Karim Leklou). Ces contenus, qui la relient à sa communauté, font partie de sa carapace qui va se briser petit à petit, notamment à cause de la journaliste Simone Herzog (Sandrine Kiberlain). Enfin, le casting est complété par Jérôme Commandeur qui interprète Patrick Balandras, assistant personnel soumis et un peu bras cassé de Magalie. Pour accompagner ce sujet contemporain, le pianiste canadien Chilly Gonzales en collaboration avec Quentin Dupieux, qui sous le pseudonyme Monsieur Oizo est connu pour être une figure de la French Touch, propose une musique absurde et angoissante en écrasant des touches de piano. En clair, ce film propose une vision satirique de l’accessibilité de la violence sur internet en mêlant appareil dentaire, corbeau et yaourt ! – Antoine Péron