En fragments brisés se chevauchent les parcours des deux jeunes filles dans une chronologie bousculée, à l’image du séisme qui secoue leurs familles. La première, sous le coup d’un contrôle judiciaire après une tentative de départ ratée, alterne la rage et la ruse face à des parents désemparés : Sandrine Bonnaire, admirable mère courage, qui s’accroche à sa fille sans jamais la lâcher, Zinedine Soualem explosif dans sa colère impuissante. Dans le cas de la seconde, on assiste « en direct » (avantage de la fiction sur le documentaire) à une véritable captation émotionnelle et mentale via les réseaux sociaux et les vidéos aux effets diaboliquement dosés. La réalisatrice a fait appel à deux jeunes comédiennes qui avaient déjà crevé l’écran dans Les Héritiers, son précédent film. Elles sont ici encore meilleures dans la justesse et l’engagement. Mais le film n’aurait pas été possible sans la participation de Dounia Bouzar dont les interventions, au sein des séances de déradicalisation qu’elle anime, permettent de décrypter les stratagèmes des djihadistes et d’amorcer une sortie du processus de dépendance. Il est rare que le cinéma français soit en prise aussi immédiate avec les drames de son temps. Le tournage de Le ciel attendra a commencé deux jours après les attentats du 13 novembre 2015. Cette proximité avec l’actualité n’est pas gage de succès, bien au contraire, car sur ce type de sujet brûlant la polémique n’est jamais loin. Elle n’a pas lieu d’être ici. « Si j’avais vu Le ciel attendra à l’époque, ma fille ne serait pas partie, j’aurais compris les signes. » Ce témoignage de la mère d’une jeune fille perdue en Syrie est sans équivoque. Ceci est un film de salubrité civique ! ⎥ PATRICK RICHET
LE CIEL ATTENDRA
Réalisateur(s) : Marie-Castille Mention-Schaar
Acteur(s) : Sandrine Bonnaire, Noémie Merlant, Clotilde Courau
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 1h44
Synopsis : Sonia, 17 ans, a failli commettre l'irréparable pour "garantir" à sa famille une place au paradis. Mélanie, 16 ans, vit avec sa mère, aime l'école et ses copines, joue du violoncelle et veut changer le monde. Elle tombe amoureuse d'un "prince" sur internet. Elles pourraient s'appeler Anaïs, Manon, Leila ou Clara, et comme elles, croiser un jour la route de l'embrigadement… Pourraient-elles en revenir?