Difficile de faire rentrer Quentin Dupieux dans une case. Il vaudrait mieux le couper en morceaux. Un morceau pour la case humour (tendance loufoque), un morceau pour la case film policier (tendance improbable), un autre pour la case grand guignol (tendance 3e degré) et un dernier pour la rubrique auteur (tendance « tendance »). Le cinéaste retourne les conventions comme des crêpes. Ses pitchs ressemblent à des cadavres exquis, l’absurde le dispute à l’improbable. Au fin fond d’une vallée pyrénéenne, un homme marié largué est fasciné par une veste en daim jusqu’à se ruiner pour elle… et lui parler. Pour la suite, tout peut arriver. Le spectateur est prévenu, mais jusqu’à quel point ? Parmi les ingrédients épicés : la prétention, la bêtise, l’ignorance et la dangerosité du personnage principal. Ce qui nous donne un cocktail assez redoutable. D’autant que pour incarner Georges, ce type obsédé par la peau de daim, Quentin Dupieux a choisi Jean Dujardin. Et c’est assez incroyable. Après avoir tourné sans filet et avec bonheur dans I Feel Good de Gustave Kervern et Benoît Délépine, Jean Dujardin sort carrément des clous d’une filmographie attendue. Et il s’en donne à cœur joie. C’est un festival Jean Dujardin, mais un Dujardin pas mal à côté de ses bottes (en daim), qui aurait oublié qui il était. Un Georges qui carbure au culot et au ridicule. On sent bien que la star se délecte de ce burlesque zarbi, anticonformiste, cassant son image de séducteur comme un enfant pourrait le faire avec son jouet préféré. Quentin Dupieux casse les règles du cinéma traditionnel et Jean Dujardin bazarde son statut. Ils nous invitent à un jeu de massacre destructeur et transgressif. ⎥ François Aymé

LE DAIM
Réalisateur(s) : Quentin Dupieux
Acteur(s) : Jean Dujardin, Adèle Haenel, Albert Delpy
Genre(s) : Inclassable
Origine : France
Durée : 1h17
Synopsis : Georges, 44 ans, et son blouson, 100% daim, ont un projet.