LE DIABLE N’EXISTE PAS

LE DIABLE N’EXISTE PAS

LE DIABLE N’EXISTE PAS

Réalisateur(s) : Mohammad Rasoulof
Acteur(s) : Ehsan Mirhosseini, Kaveh Ahangar...
Genre(s) : Drame
Origine : Allemagne, République tchèque
Durée : 2h30
Synopsis : Iran, de nos jours. Quatre histoires inexorablement liées, dans un régime despotique...

Le dernier film de l’iranien Mohammad Rasoulof est une grande œuvre de cinéma, dont la puissance visuelle égale la profondeur politique et philosophique. Le cinéaste dissident l’a réalisée dans la clandestinité pour braver la censure d’un régime qui l’avait déjà condamné pour son précédent film, Un homme intègre, et n’a donc pu aller chercher l’Ours d’Or reçu à Berlin pour ce nouveau film. Le Diable n’existe pas (en anglais There is no evil : le Mal n’existe pas) présente 4 récits indépendants situés dans l’Iran contemporain, qui composent un brillant plaidoyer contre la peine de mort et l’arbitraire totalitaire. Le film déploie, avec un souci permanent d’élégance et un refus de l’ostentation, une puissante réflexion sur la banalisation du mal qui fait écho à la pensée d’Hannah Arendt, et sur la responsabilité individuelle et la liberté de conscience dans un contexte oppressif : les trajets des protagonistes illustrent avant tout l’implacable puissance d’un système hors champ mais écrasant qui brise les élans intérieurs des individus. Le diable n’est pour rien dans le Mal qui s’insinue et contamine toute vie, l’humanité s’en sort bien toute seule et n’a besoin d’aucun poison démoniaque. La caméra de Mohammad Rasoulof prend son temps et accompagne les personnages dans leur quotidien, pour faire pleinement percevoir la force de leur désarroi et celle des épreuves mentales qui les traversent. Les acteurs, manifestement superbement dirigés, sont tous au diapason de ce portait sensible d’une humanité en déroute, comme précipitée au bord d’un abîme permanent qui raconte la détresse ordinaire et le poids des décisions individuelles. Rasoulof filme la beauté des paysages iraniens pour les confronter aux bouleversements psychologiques qui frappent ses personnages, choisissant la poésie pour exprimer la marche inexorable de la tragédie humaine. Car le regard critique qu’il porte sur la société iranienne contemporaine s’étend au sort universel d’une humanité qui porte en elle la responsabilité de sa destinée, et que Rasoulof appelle à s’élever pour défendre ce qui semble vibrer derrière chaque plan de son film : la liberté. ⎥ Audrey Pailhès

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