Le film d’espionnage n’est pas une spécialité hexagonale. Pour un puissant Les Patriotes, d’Éric Rochant, combien d’embarrassants succédanés de cinéma US ? Pariser évite cet écueil en inscrivant son thriller parano dans une tradition plus littéraire et anti-spectaculaire héritée de Rohmer et de Desplechin. Il parachute un intello flottant dans son imper et son spleen ironique (Melvil Poupaud) au milieu d’un échiquier politique complexe, entre les hautes sphères politiques et un groupuscule d’extrême gauche. Librement inspiré de l’affaire de Tarnac, ce «grand jeu» conspiratoire mené par un Dussollier inquiétant s’avère aussi excitant qu’indéchiffrable. Mi-polar, mi-mélo, ce film sur l’engagement avance masqué derrière un subtil paravent de paradoxes, de bons mots et de passions à contre-temps. Brillant. ⎥ PREMIÈRE
Le Grand jeu
Réalisateur(s) : Nicolas Pariser
Acteur(s) : Melvil Poupaud, André Dussollier, Clémence Poésy
Genre(s) : Thriller
Origine : France
Durée : 1h39
Synopsis : Pierre Blum, un écrivain de quarante ans qui a connu son heure de gloire au début des années 2000, rencontre, un soir, sur la terrasse d'un casino, un homme mystérieux, Joseph Paskin. Influent dans le monde politique, charismatique, manipulateur, il passe bientôt à Pierre une commande étrange qui le replongera dans un passé qu'il aurait préféré oublier et mettra sa vie en danger. Au milieu de ce tumulte, Pierre tombe amoureux de Laura, une jeune militante d'extrême gauche; mais dans un monde où tout semble à double fond, à qui peut-on se fier ?