Le Mélange des genres

Réalisateur(s) : Michel Leclerc

Acteur(s) : Léa Drucker, Benjamin Lavernhe, Melha Bedia, Vincent Elbaz, Julia Piaton

Genre(s) : comédie dramatique, film noir-policier

Origine : France

Durée : 1h43

Synopsis : Simone, une flic aux idées conservatrices, est infiltrée dans un collectif féministe qu'elle suspecte de complicité de meurtre. A leur contact, Simone s'ouvre progressivement à leurs idées. Mais lorsqu'elle est soupçonnée par le groupe d'être une taupe, elle se sert du premier venu pour se couvrir : Paul, un homme doux, inoffensif et respectueux des femmes qui vit dans l'ombre de sa moitié, faisant de lui, malgré elle, un coupable innocent. Simone, catastrophée de ce qu'elle a fait, tente de réparer sa faute... Comment Paul va-t-il réagir ?

« J’ai voulu faire une comédie qui slalome joyeusement à travers un champ de mines ». Voilà comment Michel Leclerc (Le Nom des gens, La Lutte des classes) décrit sciemment son travail sur Le Mélange des genres dans lequel il s’intéresse, en effet, à un sujet sociétal brûlant : le masculin et le féminin à l’ère post #MeToo. Certes accompagné de Baya Kasmi au scénario, le réalisateur « vieillissant, mâle, hétéro et blanc », selon ses propres mots, a l’audace de partager son point de vue sur la révolution féminine et les bouleversements qu’elle suscite, sans remettre en cause son caractère vertueux. Pour ce faire, Michel Leclerc insère, au sein d’une galerie de personnages stéréotypés et antagonistes (des comédiens de théâtre ; une brigade de police ; un groupe féministe et un autre masculiniste), deux protagonistes principaux chez qui s’opère un « mélange des genres » : une femme flic au sexisme intériorisé (Simone) et un comédien dans l’ombre de son épouse et collègue, à la masculinité « déconstruite » (Paul). En faisant se rencontrer tout ce beau monde à l’intérieur d’une intrigue policière, le récit amène Simone et Paul à se questionner sur leur identité et leur rapport aux autres, la première ouvrant peu à peu les yeux sur le machisme qui l’entoure, le second, injustement accusé de viol, finissant par douter de son innocence. Poussant loin les curseurs de la comédie – au risque de faire grincer des dents, multipliant les rebondissements et les quiproquos – quitte à nous faire perdre un peu le fil, le cinéaste frôle l’insolence pour susciter la réflexion et tenter de faire rire sur des sujets qui crispent. Le tout en n’oubliant cependant jamais le sérieux de ceux-ci. Si l’on regrette que la finesse d’écriture du personnage principal masculin (brillamment interprété par Benjamin Lavernhe) le soit moins pour les personnages féminins, l’on sent malgré tout une tendresse pour chacun d’entre eux, leurs trajectoires formulant la nécessité d’une remise en question des stéréotypes et des assignations de genre pour vivre dans une société plus harmonieuse et apaisée. – Noémie Bourdiol