Le Répondeur

Cinéaste discrète, Fabienne Godet oscille depuis vingt ans entre le documentaire (formidable séance à Pessac de Ne me libérez pas je m’en charge, avec Michel Vaujour) et le drame (Une place sur terre, Nos vies formidables). Surprise, elle fait une embardée vers la comédie assumée. Et double surprise : c’est très réussi. D’ailleurs, son film Le Répondeur est logiquement reparti du Festival de l’Alpe d’Huez avec le prix du public. Au départ, il y a un scénario (aujourd’hui, on aurait tendance à le réduire au fameux « pitch ») aussi séduisant et intrigant qu’improbable. Un écrivain fameux en mal de solitude recrute un imitateur aux trois-quarts au chômage pour faire « son répondeur » ou plutôt pour répondre à ses proches à sa place. Dis comme ça, cela paraît culotté et surtout un peu gros. Mais Fabienne Godet a deux bons atouts dans sa poche. Le premier, c’est le scénario. Totalement invraisemblable mais au fond assez jouissif, car bourré de situations inédites, toujours « sur le fil », avec des dialogues en forme de savoureuses pirouettes. Et puis, il y a l’acteur principal : Salif Cissé. C’est son premier grand rôle et il crève l’écran. Son travail d’imitation est bluffant et son bonhomie roublarde nous le rend aussi sympathique qu’attachant. À côté, le grand Denis Podalydès-de-la-Comédie-Française souffrirait presque la comparaison, ce qui est le cœur du film. Les comédies françaises aussi surprenantes et sympathiques ne sont pas légion, ne laissez pas filer celle-ci. – FRANÇOIS AYMÉ