« Le cinéma, ce n’est pas la réalité, c’est le vrai. La réalité, je la vois à la télé, je n’ai pas besoin que le cinéma l’imite. » Bruno Dumont est on ne peut plus clair quant à ses partis-pris esthétiques. Et L’Empire en constitue un jouissif parangon, mêlant les vicissitudes de la condition humaine – genre P’Tit Quinquin – à la cohorte de mythes grandioses et de vaisseaux spectaculaires d’une odyssée spatiale à la Kubrick. Son film montre joyeusement l’épique lutte SF entre un Bien et un Mal parfaitement scindés se crasher dans le Boulonnais où vivent des humains aux préoccupations beaucoup plus… mélangées. Pour incarner ce théâtre burlesque, acteurs « amateurs » (aux gueules et à la gestuelle inattendues) et vedettes de l’écran s’en donnent à cœur-joie, laissant transparaître une plaisante connivence. Ce film très musical, aux mélanges surprenants (sabres lasers et punkette ch’ti, entre autres !) déroute, certes, mais vaut largement qu’on s’y perde. L’Empire a des accents saugrenus mais sait induire une liberté de philosopher autour du Bien et du Mal proprement revigorante. En ça, le cinéma de Bruno Dumont n’a pas son pareil. ⎥ Nicolas Milesi

L’EMPIRE
Réalisateur(s) : Bruno Dumont
Acteur(s) : Lyna Khoudri, Anamaria Vartolomei, Camille Cottin
Genre(s) : Comédie dramatique
Origine : France
Durée : 1h50
Synopsis : Entre Ma Loute et La Vie de Jésus, entre le ciel et la terre, Bruno Dumont nous offre une vision caustique, cruelle et déjantée de La Guerre des étoiles.