Deuxième long métrage du (très) jeune réalisateur Xavier Dolan (révélé à Cannes avec
J’ai tué ma mère), Les Amours imaginaires étonne par la maturité de sa mise en scène.
Si le synopsis évoque la figure du triangle (amoureux), c’est bien à la quadrature du
cercle que renvoie la mise en scène de Dolan : il y a quelque chose d’insoluble dans
la relation amoureuse, comme une aliénation paradoxalement constructive. Comment
un cinéaste de vingt ans ne serait-il pas inspiré par un pareil sujet ? D’une manière
suffisament organique pour séduire, le récit est tronqué de témoignages de
personnages qui n’ont rien à voir avec l’histoire. Ils racontent ce qu’ils ont été amenés
à vivre par amour. Ces récits autonomes, sous formes d’interviews souvent drôles ou
émouvantes, parviennent en écho à absoudre la cruauté ou la laideur dont sont
capables Marie et Francis, les deux rivaux qui se déchirent, prisonniers des affres
amoureux. Ailleurs, le film s’étire, ponctué de savoureux dialogues entre chacun des
deux protagonistes et leurs amants d’un soir, sorte d’artifice cinématographique
livrant la part intime des deux amoureux cruellement évincés. Autant de faux-espoirs
et d’illusions amoncelés confère à la séquence finale une puissance émotionnelle
véritablement poignante. Les deux comédiens incarnent à la perfection une sorte
d’animalité surgissante et salvatrice, très loin d’un cynisme qui eut été mortifère.
Xavier Dolan pousse la vitalité jusqu’à une pirouette finale en forme de rêve de
cinéaste, celui de l’amour imaginaire qui lie les réalisateurs à leurs comédiens, surtout
s’ils sont familiers des Chansons d’amour… ⎥NICOLAS MILÉSI
Les Amours imaginaires
Réalisateur(s) : Xavier Dolan
Acteur(s) : Monia Chokri, Niels Schneider, Xavier Dolan…
Genre(s) : Liaison dangereuse
Origine : Canada
Durée : 1h35
Synopsis : Francis et Marie, deux amis, tombent amoureux de la même personne. Leur trio va rapidement se transformer en relation malsaine où chacun va tenter d'intérpréter à sa manière les mots et gestes de celui qu'il aime...