LES BIENHEUREUX

LES BIENHEUREUX

LES BIENHEUREUX

Réalisateur(s) : Sofia Djama
Acteur(s) : Sami Bouajila, Nadia Kaci, Faouzi Bensaïdi
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 1h42
Synopsis : Alger, quelques années après la guerre civile. Amal et Samir ont décidé de fêter leur vingtième anniversaire de mariage au restaurant. Pendant leur trajet, tous deux évoquent leur Algérie : Amal, à travers la perte des illusions, Samir par la nécessité de s'en accommoder. Au même moment, Fahim, leur fils, et ses amis, Feriel et Reda, errent dans une Alger qui se referme peu à peu sur elle-même.

Le fils d’Amal et Samir, Fahim est un ado qui se cherche (un pléonasme !) comme ses amis dans Alger, une ville déboussolée. Situation politique et historique qui n’est pas propre à l’Algérie mais qui a été particuliè- rement exacerbée par la guerre innommable à la fin du siècle dernier : plus de 200 000 victimes, la plupart dans des conditions atroces. Tous les protagonistes du film en portent les stigmates comme Feriel, la co- pine de Fahim (épatante Lyna Khoudri qui a obtenu le prix Orizzonti de la meilleure actrice lors de la dernière Mostra). En 2017, la situation s’est encore aggravée. La défaite militaire n’a pas empêché les islamistes de remporter la bataille politique : aujourd’hui, les bigots régentent toute la société et Alger s’apprête à inaugurer la plus grande mosquée au monde après celle de La Mecque et de Médine… Or cette victoire des salafistes, c’est d’abord la défaite des laïques (principalement socialistes mâtinés de nationalisme panarabe) et/ou de l’islam maghrébin (empêtrées dans une série de scandales, les confréries soufies ont perdu toute crédi- bilité). D’où la colère légitime des ados envers leurs aînés qui leur ont légué ce présent sans avenir : Fahim accuse ses parents d’avoir failli
et reçoit, en retour, une gifle magistrale… Il a tou- ché le point sensible. C’est la séquence-clé ! Alors qui sont donc les bienheureux ? Où trouver les rai- sons d’espérer ? Principalement dans Sofia Djama, la jeune réalisatrice, une Algérienne talentueuse et belle de promesses qui nous offre ce premier film. Lors de sa présentation au Festival du Film d’His- toire, son intervention, à la fin du film, fut magis- trale en concluant sur Spinoza et sur la difficulté de construire le bonheur alors qu’il est si facile de
s’abandonner au désespoir. ⎥ JEAN-MARIE TIXIER

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