Habituellement, le cinéma sud-américain pro- pose au public des films en prise directe avec le réel et les enjeux politiques qui traversent leurs formations sociales respectives. En revanche, Les Bonnes Manières affecte de se tenir éloigné de cet impératif. Juliana Rojas (37 ans) et Marco Dutra (38 ans) sont jeunes, ont appris le cinéma sur les mêmes bancs de l’Université de São Paulo et écrivent et réalisent en- semble presque tous leurs films. Visiblement, ils ont pris un malin (sic !) plaisir à réaliser leur dernier film. Car Les Bonnes Manières ap- partient clairement au film fantastique où, par les nuits de pleine lune, les loups-garous se repaissent de chair humaine. Mais il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que le loup-garou incarne, par essence, une identité différente, objet d’un rejet radical. Fruit des amours entre le diable et une grande bour- geoise blanche, l’enfant sera élevé par l’infirmière noire et pauvre qui était au service de sa mère. Sans évoquer leurs amours saphiques, la parabole est déjà évidente mais évite, justement par le respect des canons du genre, tout didactisme réducteur. Splendide de surcroît, le film procure un grand plaisir cinéma justement récompensé par le Léopard d’argent du Festival de Locarno 2017. ⎥ Jean-Marie Tixier
LES BONNES MANIÈRES
Réalisateur(s) : Juliana Rojas, Marco Dutra
Acteur(s) : Isabél Zuaa (Clara), Marjorie Estiano (Ana), Miguel Lobo (Joel), Cida Moreira (Dona Amelia), Andrea Marquee (Agela), Felipe Kenji (Mauricio), Nina Medeiros (Amanda), Neusa Velasco (Dona Norma), Gilda Nomacce (Gilda), Eduardo Gomes (Professor Edu)
Genre(s) : Étrange
Origine : Brésil
Durée : 2h15
Synopsis : Clara, une infirmière solitaire de la banlieue de São Paulo, est engagée par la riche et mystérieuse Ana comme la nounou de son enfant à naître. Alors que les deux femmes se rapprochent petit à petit, la future mère est prise de crises de somnambulisme...