LES CONFINS DU MONDE

LES CONFINS DU MONDE

LES CONFINS DU MONDE

Réalisateur(s) : Guillaume Nicloux
Acteur(s) : Gaspard Ulliel, Guillaume Gouix, Gérard Depardieu, Lang-Khê Tran
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 1h43
Synopsis : Indochine, 1945. Robert Tassen, jeune militaire français, est le seul survivant d'un massacre dans lequel son frère a péri sous ses yeux. Aveuglé par sa vengeance, Robert s'engage dans une quête solitaire et secrète à la recherche des assassins. Mais sa rencontre avec Maï, une jeune Indochinoise, va bouleverser ses croyances.

Ce n’est pas parce qu’il est très exactement situé en mars 1945, après le coup de force japonais en Indochine, que Les Confins du Monde se borne à raconter sagement l’histoire officielle de ce conflit dans une de ses phases les plus opaques. Auteur aguerri et produit par la fidèle Syl- vie Pialat depuis de nombreux films, Guillaume Nicloux signe une œuvre noire et un peu expérimentale, qui s’ouvre et se referme sur (presque) la même image. Comme Valley of Love, son précédent film sorti en salles qui avait pour cadre la Vallée de la mort, Les Confins du Monde semble façonné par le creuset même de son décor. Ici, en pleine jungle du Nord-Vietnam, l’ennemi officiel est invisible et les corps sont entravés par le climat et la nature hostile ; les scènes de combats sont rares et la paranoïa rampante. Autant préciser que, dès la séquence inaugurale (le soldat Tassen s’extirpe douloureusement d’un charnier), la pesanteur organique s’immisce dans le film, produisant des images très crues, aus- si bien lorsque les corps des uns sont mis en pièces que lorsque ceux des autres s’entêtent à jouir. Dans le sillage du soldat Tassen (Gaspard Ulliel, spectral) en proie à son deuil « toujours là, incrusté avec sa colère », le récit pulsionnel se charge peu à peu de questionnements métaphysiques et de religiosité. Le comédien Gaspard Ulliel semble s’être livré corps et âme au projet et sa beauté étrange sied parfaitement à ces Confins du Monde constitués de visions fantomatiques, obsessionnelles et de plus en plus perméables à la moiteur des fumeries d’opium. Quant à Guil- laume Gouix et Gérard Depardieu, ils donnent chair avec talent à des per- sonnages eux aussi enfermés dans le récit en boucle de ce film, comme condamnés à leur humaine condition. ⎥ Nicolas Milesi

Partager