Les Filles désir

Premier film de la réalisatrice marseillaise Prïncia Car, Les Filles désir prend son origine dans les cours de théâtre que la réalisatrice a donnés pendant huit ans à des jeunes des quartiers nord de Marseille dont font partie les acteurs Houssam Mohamed, Leïa Haïchour et Lou Anna Hamon, pour ne citer qu’eux. Ces ateliers révèlent leur tchatche d’enfer, leur fraîcheur et leur aisance en improvisation. De cette pratique a émergé un premier court-métrage, Barcelona, sélectionné au Festival de Clermont-Ferrand en 2019. Les Filles désir naît aussi de cette dynamique d’atelier. La fougue des acteurs et actrices amateurs emporte ce très beau film sur la jeunesse des quartiers pauvres de la cité phocéenne. Avec le retour de Carmen, deux visions du désir s’entrechoquent chez Omar. D’un côté le désir sexuel accessible par la pornographie et la prostitution face au désir de mariage et de chasteté. Avec cette vision, Yasmine et Carmen sont catégorisées de façon stéréotypée comme une maman et une putain. À un âge où l’on construit sa vie sentimentale, ces personnages, filles comme garçons, sont victimes de ces pressions collectives, parfois destructrices. Mais réussir à s’en détacher pour tracer son chemin est loin d’être simple. Cette fois-ci, les filles ont une longueur d’avance vers la liberté. – Antoine Péron