Deuxième long métrage d’une jeune réalisatrice caucasienne que rien ne prédestinait au cinéma, Les Poings desserrés a subjugué le jury cannois d’Un certain regard qui lui a attribué son Grand Prix 2021. Incursion parfois inquiétante dans une bourgade minière perdue du Nord-Caucase, le film suit au plus près la jeune Ada (Milana Aguzarova, habitée) en train de se débattre comme elle peut avec l’amour asphyxiant de son jeune frère et la mainmise maladive d’un père pas du tout enclin à relâcher son étreinte patriarcale. Avec le retour de la grande ville du frère aîné, qu’Ada accuse de les avoir oubliés, la mise en scène de Kira Kovalenko trahie peu à peu ce que le présent sclérosé doit à de secrets traumatismes passés. Film âpre et sensible, dont les rapports humains semblent fracturés par une violence indélébile (comme seule la grande Histoire en est ici aussi tristement pourvoyeuse), Les Poings desserrés s’achève sur un affranchissement certes promis dans son titre mais bienvenu. Du cinéma rare, à l’esthétique puissamment allusive et qui marque les esprits. ⎥ Nicolas Milesi

LES POINGS DESSERRÉS
Réalisateur(s) : Kira Kovalenko
Acteur(s) : Milana Aguzarova, Alik Karaev, Soslan Khugaev
Genre(s) : Drame
Origine : Russie
Durée : 1h36
Synopsis : Dans une ancienne ville minière en Ossétie du Nord, une jeune femme, Ada, tente d’échapper à la mainmise étouffante d’une famille qu’elle rejette autant qu’elle l’aime.