LES PREMIERS, LES DERNIERS

LES PREMIERS, LES DERNIERS

LES PREMIERS, LES DERNIERS

Réalisateur(s) : Bouli Lanners
Acteur(s) : Albert Dupontel, Bouli Lanners, Suzanne Clément
Genre(s) : Comédie, drame
Origine : France, Belgique
Durée : 1h36
Synopsis : Dans une plaine infinie balayée par le vent, Cochise et Gilou, deux inséparables chasseurs de prime, sont à la recherche d’un téléphone volé au contenu sensible. Leur chemin va croiser celui d’Esther et Willy, un couple en cavale. Et si c’était la fin du monde ? Dans cette petite ville perdue où tout le monde échoue, retrouveront-ils ce que la nature humaine a de meilleur ? Ce sont peut-être les derniers hommes, mais ils ne sont pas très différents des premiers.

Depuis quelques années maintenant un vent nouveau souffle sur le cinéma belge, qui ne cesse de nous étonner par l’originalité des thèmes qu’il aborde et par la grande humanité qu’il dégage très souvent. Après Ultranova, Eldorado et surtout Les Géants, primé à Cannes en 2011 et qui nous avait enthousiasmés, le quatrième long métrage de Bouli Lanners ne déroge pas à la règle et nous entraîne dans un univers fait d’inquiétude, d’humour et de poésie. Dans un paysage de champs désolés qui s’étendent à perte de vue, sous un ciel très bas et des horizons infinis – décor qui n’est pas sans évoquer le plat pays de Brel mais se situe en fait en Beauce, à proximité du monorail désaffecté de l’aérotrain – on suit, un peu oppressé, l’errance de ces deux «chasseurs de primes» un peu las et les rencontres qu’ils font avec des personnages décalés ou marginaux. Le tournage en scope et les vastes paysages ainsi que les affrontements entre hommes rudes pourraient faire penser à un western, mais on se sent davantage chez Bruno Dumont que chez Sergio Leone, d’autant que quelques apparitions d’un certain Jésus ne manquent pas de nous intriguer. L’atmosphère peut sembler crépusculaire, avec ses touches de gris et le vent qui balaie le paysage, mais une lumière extraordinaire fait du décor un personnage à part entière, marqué par le temps qui passe. Quant aux visages, souvent cadrés en très gros plans, ils portent eux aussi le poids du passé : celui de Cochise – formidable Albert Dupontel – introverti, mais capable d’exploser en subite violence ; celui de Gilou – un Bouli Lanners bourru, enfermé dans sa peur de la mort mais qui s’ouvre au contact d’Esther, surprenante Aurore Broutin, persuadée que la fin du monde est proche. Et que dire de la sagesse et la sérénité qu’apportent les personnages interprétés par Michael Lonsdale et Max Von Sydow ? Un casting exceptionnel pour un film pudique et minimaliste, qui apporte in fine un certain espoir. ⎥ MICHELE HEDIN

Partager