Épousant les boucles d’un destin qui n’appartient qu’à elle, Arielle Dombasle séduit les uns, surprend ou agace les autres depuis des décennies. Menant de front une carrière contrastée aussi bien au cinéma et à la télévision qu’au théâtre et dans la musique, elle a su médiatiser l’image prégnante d’une femme à la plastique digne d’une poupée Barbie doublée d’une artiste complète (actrice, chanteuse, meneuse de revue, réalisatrice…) capable d’investir les univers les plus singuliers. On perçoit une forme d’émancipation dans sa légèreté affichée comme un étendard. Aussi, à l’entendre décrire cette Princesse de Cadignan imaginée par Honoré de Balzac en 1839, on devine pourquoi elle a eu envie de l’incarner : « C’est une figure très rebelle, mystérieuse en son genre, puisqu’elle a le pouvoir de séduire de manière diabolique, tout en ayant l’air angélique. » Avant de prêter ses moues caractéristiques à ce personnage romanesque dont la modernité du féminisme subjugue, l’actrice réalisatrice a confié au prolifique scénariste Jacques Fieschi (encore tout imprégné des Illusions perdues de Xavier Gianolli) le soin de replonger dans cet autre volet de la Comédie humaine pour en tirer un bijou de créativité narrative. Balzac lui-même (sous les traits du prodigieux Michel Fau) y déambule au milieu de ses personnages qu’il ébauche et fait vivre sous nos yeux, nous faisant retrouver ces Rastignac, ces Rubempré et d’autres, dans un récit aux enchâssements d’une grâce confondante. Préservant le génie balzacien pour l’étude de mœurs, le film concocte des scènes jouissives où les manigances amoureuses dignes d’un Choderlos de Laclos le disputent avec les manœuvres d’une aristocratie d’argent nouvellement arrivée au pouvoir. Costumes signés Vincent Darré (qui a travaillé pour Lagerfeld et Prada), décors imaginés par le très renommé Jacques Garcia (qui a exceptionnelle ouvert son château du Champ de Bataille à son amie Arielle Dombasle), l’élégance semble servir de morale à une mise en scène sur le qui-vive, qui ne s’interdit rien – même la bande originale passe merveilleusement de Rameau à du baroque électro… Le plaisir visiblement pris par les comédien·nes – Julie Depardieu, malicieuse marquise d’Espard, ou Olivier Py, drôlissime baron de Nucingen – achève de conforter celui pris par le spectateur. « J’ai eu de la chance, une bonne étoile, et beaucoup d’idées fixes » précise Arielle Dombasle à propos du film. À cette énumération, on ajoutera le talent et l’inventivité. ⎥ Nicolas Milesi
Les Secrets de la princesse de Cadignan
Réalisateur(s) : Arielle Dombasle
Acteur(s) : Arielle Dombasle, Julie Depardieu, Cédric Kahn
Genre(s) : Historique
Origine : France
Durée : 1h26
Synopsis : C’est une princesse, une grande séductrice. « Don Juan femme », selon l'expression de Balzac. D'une intelligence diabolique. Cette femme, qui a eu de nombreux amants, presque tous les personnages masculins de la « Comédie humaine », va enfin trouver l'amour. Le vrai. Le grand.