LETTRE À FRANCO

LETTRE À FRANCO

LETTRE À FRANCO

Réalisateur(s) : Alejandro Amenábar
Acteur(s) : Karra Elejalde, Eduard Fernández, Santi Prego
Genre(s) : Drame
Origine : Espagne
Durée : 1h47
Synopsis : Espagne, été 1936. Le célèbre écrivain Miguel de Unamuno décide de soutenir publiquement la rébellion militaire avec la conviction qu’elle va rétablir l’ordre. Pendant ce temps, fort de ses succès militaires, le général Francisco Franco prend les rênes de l’insurrection. Alors que les incarcérations d’opposants se multiplient, Miguel de Unamuno s’aperçoit que l’ascension de Franco au pouvoir est devenue inéluctable.

La scène cinématographique espagnole connaît actuellement des heures plutôt fastes – comme en témoignent les récents succès des films El reino, Que Dios nos perdone ou La Isla minima –, et compte quelques figures attendues dont les dernières réalisations suscitent toujours une certaine curiosité. Alejandro Amenabar est de celles-ci. Ayant récolté 5 prix sur un total record de 17 nominations (devant Douleur et Gloire d’Almodovar) à la dernière cérémonie des Goyas (les Césars espagnols), Lettre à Franco confirme le savoir-faire du cinéaste et trouve une place plutôt cohérente dans son œuvre. Si un rapprochement à priori surprenant peut être opéré avec son film Agora (2009), qui usait du genre du peplum spectaculaire comme cheval de Troie pour mettre au jour les dangers des fanatismes et de l’obscurantisme, le moins connu Ouvre les yeux aurait pu offrir un titre programmatique tout à fait approprié à ce Lettre à Franco. Suivant les pas de l’éminent intellectuel Miguel de Unamuno, qui assiste à l’avènement du franquisme et de la guerre civile dans une relative indifférence, mâtinée d’un soutien quelque peu indolent à un régime qui lui semble être la promesse d’un retour à l’ordre, Amenabar filme sa progressive prise de conscience, la dissolution du brouillard idéologique qui le maintenait dans l’immobilisme et l’illusion, et son chemin vers une prise de parole qui se fait prise de position. Prenant pour décor les rues et bâtiments de la splendide Salamanque, le film passionne bien entendu par la peinture de ces heures agitées et terribles de l’histoire espagnole. Mais en faisant revivre par une reconstitution soignée un passé appartenant à l’Histoire, Amenabar rappelle surtout les dangers universels de l’aveuglement, et la nécessité d’une vigilance de la pensée face aux attraits et manoeuvres des fascismes de tous bords, toujours prêts à tirer partie des malentendus et inerties qui peuvent être la responsabilité de tous face aux menaces extrémistes. ⎥ Audrey Pailhès

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