L’ÉVÉNEMENT

L’ÉVÉNEMENT

L’ÉVÉNEMENT

Réalisateur(s) : Audrey Diwan
Acteur(s) : Anamaria Vartolomei, Kacey Mottet Klein, Luàna Bajrami
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 1h40
Synopsis : Je me suis faite engrossée comme une pauvre. L’histoire d’Anne, très jeune femme qui décide d’avorter afin de finir ses études et d’échapper au destin social de sa famille prolétaire. L’histoire de la France en 1963, d’une société qui condamne le désir des femmes, et le sexe en général. Une histoire simple et dure retraçant le chemin de qui décide d’agir contre la loi. Anne a peu de temps devant elle, les examens approchent, son ventre s’arrondit…

Du roman abrupt d’Annie Ernaux, la cinéaste Audrey Diwan – également scénariste des thrillers de Cédric Jimenez, dont le récent Bac Nord – a tiré une œuvre frontale, filmée caméra à l’épaule, dont les images carrées provoquées par la focale 1.37 sont le meilleur antidote à toute velléité de reconstitution historique. De tous les plans, Anne en est l’héroïne volontaire et diaphane, sous les traits délicats de la comédienne Anamaria Vartolomei, dont le jeu captive.
Au journal intime qui, des années après les faits, devint pour l’écrivaine la matière douloureuse d’un livre autobiographique, la cinéaste répond par la mise en scène très immersive d’un suspense intime, scandé par les semaines qui s’égrènent à l’écran, tendu par la volonté de démanteler l’irrémédiable. L’événement qui donne son titre énigmatique à cette histoire est bien davantage que le récit d’un avortement, que la loi condamne à la clandestinité en ce début des années 60. Il désigne non seulement le combat d’une jeune transfuge de classe, habile à décrire mieux que quiconque ce qui lui arrive (« Le genre de maladie qui n’arrive qu’aux filles et qui les transforme en femmes au foyer. »), mais il désigne encore cette « expérience totale » qui nous est donnée à voir et qui fondera la nature d’une écrivaine parmi les plus lues de sa génération.
Située dans le passé mais écrite au présent, L’Évenement est une œuvre précieuse qui n’advient pas par hasard. Sous ses atours ouvragés – le montage sonore du film est, au passage, un bijou de subtilité – cette histoire d’une souffrance taboue sert un discours aussi poignant que politiquement fort. Un Lion d’or amplement mérité. ⎥ Nicolas Milesi

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