Life Of Chuck

Dans la première séquence de Life of Chuck, les étudiants de M. Anderson découvrent, en plein cours, des notifications surgissant sur leurs téléphones portables : une partie de la Californie est en train de glisser dans le Pacifique ! Puis, c’est l’arrêt total d’internet… Voilà la première surprise d’une longue série, tout au long d’un film aux atours hollywoodiens dont les rebondissements s’encastrent comme des poupées russes. Chapitré en trois parties qui se déroulent à rebours, le récit oblige à se laisser porter avant que d’en découvrir la vertigineuse teneur. Stephen King est l’architecte de cette histoire follement originale et Mike Flanagan en est le talentueux metteur en images – non seulement c’est la troisième fois que le cinéaste adapte le maître du fantastique (Jessie, 2017, et Doctor Sleep, 2019), mais il a aussi adapté Edgar Allan Poe (La Chute de la Maison Usher, 2023) parmi d’autres séries fantastiques au succès planétaire (The Haunting of Hill House, 2018).
C’est à la veine humaniste du romancier américain que Life of Chuck appartient (telles La Ligne verte ou Les Évadés, aussi adaptées à l’écran), se déployant en trois parties au style distinct. Entre la mystérieuse dystopie inaugurale et le fantastique vaguement effrayant de la fin, le film fait un pas de côté – mais central ! – dans la comédie musicale, au détour d’une très exaltante séquence de sept minutes. Objet de pop culture assumé (le film multiplie les clins d’œil au fantastique hollywoodien des années 80-90) Life of Chuck est plastiquement très beau à regarder, avec des acteurs issus du cinéma populaire, tandis que son scénario cultive savoureusement un goût pour les histoires, leur mystère et leur pouvoir évocateur. Aiguillonné par la voix off d’un mystérieux narrateur, l’intérêt pour l’étrange Chuck grandit tout au long de ce qui s’apparente à un conte – fascinant jusqu’à la fin ! – Nicolas Milesi