Il y a des réalisateurs de films. Ils sont légion. De temps à autre l’un d’eux nous offre un chef- d’œuvre. Et dans les marges il y a quelques obstinés, auteurs rebelles ou romantiques, qui persistent à vouloir créer une œuvre singulière. Philippe Garrel est de ceux-là. On peut ne pas aimer. Soit. On peut aussi douter de la valeur de son œuvre. Mais à condition de ne pas se tromper sur les enjeux. Et sur ce qui, en référence à Eustache, Bresson ou Godard, le fait agir en cinéma. Ici, le désir de Pierre qui déserte son espace d’amour et dérive vers une sexualité d’amant réduite aux acquêts. Mais en découvrant une dérive semblable chez Manon, son autre féminin, le reste inaperçu d’inégalité entre homme et femme surgit et devient dès lors le nœud de la tragédie. L’Ombre des femmes… Cela, cinématographiquement pensé, donne un scénario au scalpel (JC Carrière…), une image noir&blanc radicale (Renato Berta), une voix off lapidaire, et surtout un travail d’acteurs sublime de vérité, des corps affectés jusque dans le plus ténu mouvement de visage. Chaque plan y est une aventure. Et au final Manon ou le triomphe de l’amour ! sur fond d’inquiétante réalité… | PROGRÈS TRAVÉ

L’OMBRE DES FEMMES
Réalisateur(s) : Philippe Garrel
Acteur(s) : Stanislas Merhar, Clotilde Courau
Genre(s) : Drame amoureux en noir et blanc
Origine : FRA / SUISSE
Durée : 1h13
Synopsis : Pierre réalise un documentaire. Manon, son épouse, est son assistante. Un couple en crise saisi par les griffes du temps qui passe, et une histoire de Résistant qui veut se souvenir du temps passé. Ou plutôt : un homme et une femme face au cliché de « l’inénarrable trio » (Garrel) devenu quatuor.