« La nouveauté de Los Delicuentes […] est l’aspiration sourde à une liberté – refus de la routine productiviste et de la rente existentielle, élan poétique vers les contrées édéniques, amour à vivre tout de suite ou jamais – que la construction même du récit, aventureuse et désaffectée, adopte en premier lieu. Soit deux employés de banque, Román et Morán. Le tandem anagrammatique – pierre de touche d’une narration hantée par la duplication – est mis au service d’un film de casse qui se casse avant même que le forfait n’ait lieu. […] Décrire la suite, qui s’épanche en trois heures, est une autre paire de manches. […] Après le renversant et monumental La Flor (2018), de Mariano Llinas, comme cette dernière du collectif El Pampero Cine, c’est visiblement le nouveau ton du cinéma de recherche argentin qui se donne à voir et à entendre dans ces films à perdre haleine. Longueur de fleuve, sortilèges du récit, dilutions retorses, grâces serpentines. La proposition d’un autre temps, de fabrication comme de découverte. À l’heure du monde en coupes réglées qu’on nous débite, de quoi flâner, jouir de la marche et du paysage. ⎥ Le Monde

Los delincuentes
Réalisateur(s) : Rodrigo Moreno
Acteur(s) : Daniel Elias, Esteban Bigliardi, Margarita Molfino
Genre(s) : Drame, Thriller
Origine : Argentine
Durée : 3h10
Synopsis : Román et Morán, deux modestes employés de banque de Buenos Aires, sont piégés par la routine. Morán met en oeuvre un projet fou : voler au coffre une somme équivalente à leurs vies de salaires. Désormais délinquants, leurs destins sont liés. Au gré de leur cavale et des rencontres, chacun à sa manière emprunte une voie nouvelle vers la liberté.