MAKALA

MAKALA

MAKALA

Réalisateur(s) : Emmanuel Gras
Acteur(s) : Kabwita Kasongo, Lydie Kasongo
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 1h36
Synopsis : Au Congo, un jeune villageois espère offrir un avenir meilleur à sa famille. Il a comme ressources ses bras, la brousse environnante et une volonté tenace. Parti sur des routes dangereuses et épuisantes pour vendre le fruit de son travail, il découvrira la valeur de son effort et le prix de ses rêves.

On aimerait en dire le moins possible sur ce nouvel opus du cinéaste Emmanuel Gras, qui s’était révélé avec le fascinant Bovines en 2012. En dire le moins possible pour laisser agir une fois encore l’alchimie de sa mise en scène, propre à, comme il le dit, « faire surgir du concret une autre dimension ».
Le film suit Kabwita, 28 ans, vivant avec sa compagne Lydie et leurs trois enfants dans un village de la brousse. Visuellement frappant dès la pre- mière séquence (Lydie cuisine les seuls animaux encore présents autour du village…), Makala tient les sens en haleine avant même que de com- prendre de quoi il retourne. La scène du grand arbre battu par le vent de la brousse tandis que Kabwita s’évertue patiemment à l’abattre est d’une beauté stupéfiante. Ce n’est que le début d’une attention grandissante suscitée par un filmage au plus près de ce charbonnier en plein effort du début à la fin du récit. Comment fait-il son charbon ? Où le transporte-t- il ? Par quel moyen ? Pour quel résultats ? Makala suscite bien des ques- tions, simples – certes – mais toutes porteuses de considérations plus profondes sur l’humaine condition, sur le rapport d’un documentariste à son sujet… « Je pense que le documentaire devient une collabora- tion entre le filmeur et le filmé. » avoue Emmanuel Gras. Avec Makala, cette proposition prends une résonnance très aigüe, tant le « héros » consentant de cette chronique se donne du mal sous la caméra toute proche, donnant lieu à une œuvre formellement sublime. Le film s’achève dans un lieu de culte dont la ferveur paraît soudainement à la hauteur du parcours de Kabwita et de sa douloureuse condition. « Faire exister plus encore ce qui est là » : telle est la volonté du réalisateur. Mission parfaitement accomplie. ⎥ NICOLAS MILESI

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