Trente ans déjà. En plus d’un quart de siècle, le temps a fait son oeuvre : pour tous les cinéphiles, désormais, Manhattan ressemble au rêve en noir et blanc de Woody Allen. Un Manhattan aérien comme un numéro dansé de Fred Astaire, où une jeune fille amoureuse souhaite une romantique balade en calèche et où deux futurs amants se chamaillent dans les rues nocturnes de New York, avant d’accueillir l’aube sur un banc, face au Queensboro Bridge illuminé…
Le film n’est fait que de trouvailles magiques : Diane Keaton et Woody s’attirant l’un l’autre en ombres chinoises dans le planétarium de Central Park. Woody et Michael Murphy s’envoyant des insultes à la tête, juste séparés par un squelette… Un désarroi proche du désespoir pèse déjà, évidemment, sur toutes ces silhouettes qui fluctuent au gré de leurs sentiments. Mais, si mélancolique soit-il, le film reste enthousiasmant de vitalité.
En 1979, Woody y dénonce déjà « les rayons gamma qui ramollissent les cerveaux des téléspectateurs ». Il y pourfend les intellos, capables, par pur snobisme, de ridiculiser tous les génies qu’il aime : Mahler, Scott Fitzgerald, Van Gogh, et son chéri à lui, Ingmar Bergman. Et il se montre extrêmement dubitatif à l’idée que deux mères puissent faire l’affaire pour élever un enfant — « alors que peu de gens parviennent à survivre à une seule »… Exaspéré de le voir critiquer les autres sans jamais se remettre en question, son meilleur copain finit par lancer : « Tu te prends pour Dieu ! » Ce qui lui vaut cette réplique définitive : « Il faut bien que quelqu’un me serve de modèle… » ⎥ Pierre Murat

Manhattan
Réalisateur(s) : Woody Allen
Acteur(s) : Woody Allen, Diane Keaton, Michael Murphy
Genre(s) : Comédie
Origine : USA
Durée : 1h36
Synopsis : Isaac Davis est un auteur de sketches comiques new-yorkais de 42 ans que son épouse Jil vient de quitter. Celle-ci vit maintenant avec une autre femme, Connie, et écrit un livre sur son ancienne vie conjugale. Isaac, quant à lui, entretient avec une collégienne de 17 ans, Tracy, une liaison dont il lui rappelle le caractère éphémère. Il l'abandonne bientôt pour se mettre en ménage avec Mary Wilke, la maîtresse de Yale Pollack, son meilleur ami.