D’une amoralité revendiquée, ce film se vit comme
un conte de fées. Et c’est en empruntant ce prisme du conte de fées pop que Donzelli échappe précisément aux lourdeurs de la reconstitution en costumes. Puisque soudain tout est permis: introduction d’objets anachroniques comme em- ploi de musiques modernes. Marguerite & Julien est élégamment intemporel. Il traverse les époques comme les influences cinématographiques. Et soudain devant sa caméra les effluves truffaldiennes se marient harmonieusement aux souvenirs du Demy de Peau d’âne. Ici, tout le monde se plie à son geste cinématographique avec une gourmandise évidente. De Samy Frey à Géraldine Chaplin pour les personnages secondaires. Et le duo Jérémie Elkaïm-Anaïs Demoustier pour les rôles titre. Le premier, complice d’écriture de toujours de Valérie Donzelli, n’est jamais aussi bien regardé que chez elle. La deuxième embrase une fois encore l’écran, aussi à l’aise dans l’espièglerie ludique que dans la tragédie poignante. L’alchimie évidente entre eux s’inscrit pleinement dans la thématique chère à leur cinéaste: la représentation de la fusion. Une fusion ici poussée à son paroxysme mais qu’elle a la bonne idée de ne jamais appuyer. Dans Marguerite & Julien, le souffle romanesque est intérieur. ⎥ L’EXPRESS
MARGUERITE ET JULIEN
Réalisateur(s) : Valérie Donzelli
Acteur(s) : Anaïs Demoustier, Jérémie Elkaïm, Frédéric Pierrot…
Genre(s) : Romanesque
Origine : France
Durée : 1h43
Synopsis : Julien et Marguerite de Ravalet, fils et fille du seigneur de Tourlaville, s’aiment d’un amour tendre depuis leur enfance. Mais en grandissant, leur tendresse se mue en passion dévorante. Leur aventure scandalise la société qui les pourchasse. Incapables de résister à leurs sentiments, ils doivent fuir…