Troisième long métrage d’Elie Wajeman, après Alyah en 2012 – déjà avec Pio Marmaï – et Les Anarchistes en 2015, Médecin de nuit suit un héros des plus romanesques dans l’urgence fort bien documentée de la nuit parisienne interlope. Dévoué à ses patients, Mikaël est une figure quasi christique qui s’adonne au trafic de Subutex pour soulager les marginaux toxicomanes qu’il suit depuis des années. Non content d’avoir été nommé au César du Meilleur acteur dans un second rôle l’année dernière pour Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait d’Emmanuel Mouret, Vincent Macaigne livre à nouveau une composition d’exception qui fera date dans la carrière du comédien. Oscillant entre colère et mélancolie, son personnage émeut profondément tandis qu’il se débat avec un destin qu’il décèle autant qu’il refuse. À ses côtés, tout aussi à contre-emploi, Pio Marmaï insuffle avec effroi la tension des personnages prêts à toutes les bassesses à force d’être acculés. Médecin de nuit est âpre mais demeure un grand plaisir de spectateur. Photogénie des immeubles parisiens des années 70 et 80, étrangeté du personnage féminin – quel film noir n’en a pas ? – magnifiquement incarné par Sara Giraudeau et sa présence singulière, romanesque partition musicale signée Evgueni et Sacha Galperine (Faute d’amour) : la mise en scène d’Élie Wajeman est stylée et extrêmement séduisante, en dépit d’un scénario à la tension éprouvante. Ne manquez pas ce film émouvant dont la modernité a beaucoup d’allure. ⎥ Nicolas Milesi

Médecin de nuit
Réalisateur(s) : Elie Wajeman
Acteur(s) : Vincent Macaigne, Sara Giraudeau, Pio Marmai
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 1h22
Synopsis : Mikaël est médecin de nuit.
Il soigne des patients de quartiers difficiles, mais aussi ceux que personne ne veut voir : les toxicomanes.
Tiraillé entre sa femme et sa maîtresse, entraîné par son cousin pharmacien dans un dangereux trafic de fausses ordonnances de Subutex, sa vie est un chaos.
Mikaël n’a plus le choix : cette nuit, il doit reprendre son destin en main.