Mikado

Nous connaissons d’abord Baya Kasmi comme scénariste. En 2010, elle écrit Le Nom des gens de Michel Leclerc, inspirée par son histoire et son exaspération d’être assignée à une identité. Désir de liberté dont elle imprègne ses récits. Elle remporte le César du meilleur scénario original. D’autres collaborations avec Michel Leclerc voient le jour, la dernière en date : Le Mélange des genres, à l’affiche le 16 avril. Elle conquiert également le public et la presse avec le réalisateur-médecin Thomas Lilti, scénarisant Hippocrate (2014), franc succès. Son passage à la réalisation n’est en rien hasardeux : poussée par des récits contemporains, elle aime travailler des films humains, où l’on traverse avec légèreté les épreuves familiales et la difficulté de l’union et du lien.
Mikado est son 3e long-métrage, après l’apprécié Youssef Salem a du succès (2023). On y suit le personnage éponyme, interprété avec aisance par Félix Moati, père de famille vivant en van. Dès les premiers plans on y sent une tension, une cavale, dont les circonstances se dévoilent petit à petit. La rencontre avec un autre père de famille (Ramzy Bedia) sera l’élément déclencheur d’une reconstitution familiale. Questionner ce qui unit une famille, comprendre son poids, aussi bien que son pouvoir émancipateur… C’est un drame fait avec légèreté. Jamais Baya Kasmi n’impose la peine. Avec des joies équilibrées qui savent adoucir et humaniser le récit, on explore en deux familles, des brisures. Patience Muchenbach, découverte dans Acide de Guillaume Canet, joue la nébuleuse et touchante fille de Mikado, Nuage, avec puissance. Sensible, discrète et prenante, elle aborde cette vie nomade et les choix de sa famille à travers ses propres désirs d’indépendance et les yeux de l’adolescence. – Alexandra Constant