MOI, DANIEL BLAKE

MOI, DANIEL BLAKE

MOI, DANIEL BLAKE

Réalisateur(s) : Ken Loach
Acteur(s) : Dave Johns, Hayley Squires, Dylan McKiernan
Genre(s) : Drame
Origine : Grande Bretagne, France, Belgique
Durée : 1h39
Synopsis : Pour la première fois de sa vie, Daniel Blake, un menuisier anglais de 59 ans, est contraint de faire appel à l’aide sociale à la suite de problèmes cardiaques. Mais bien que son médecin lui ait interdit de travailler, il se voit signifier l'obligation d'une recherche d'emploi sous peine de sanction. Au cours de ses rendez-vous réguliers au « job center », Daniel va croiser la route de Katie, mère célibataire de deux enfants qui a été contrainte d'accepter un logement à 450km de sa ville natale pour ne pas être placée en foyer d’accueil. Pris tous deux dans les filets des aberrations administratives de la Grande-Bretagne d’aujourd’hui, Daniel et Katie vont tenter de s’entraider…

Deux ans après Jimmy’s Hall et l’annonce de sa retraite cinématographique, Ken Loach revient au sommet de son art et plus révolté que jamais. Avec Moi, Daniel Blake, seconde Palme d’Or de sa carrière, cet éternel indigné s’attaque à la politique conservatrice des Tories en Grande-Bretagne, signe d’un retour aux idées victoriennes qui semble appeler celui des drames à la Dickens. Les services sociaux britanniques, et leur mille-feuille administratif d’une implacable inhumanité, sont plus particulièrement la cible de la colère du cinéaste. Avec un humour teinté de tragique, il fustige les situations ubuesques engendrées par l’insensibilité d’un système qui, à défaut d’apporter aux plus démunis l’aide qu’ils sont en droit d’obtenir, leur réserve un véritable chemin de croix aux allures de dédale kafkaïen. Avec l’empathie et l’inébranlable humanisme qui le caractérisent, Ken Loach filme le courage et la dignité d’un héros ordinaire, qui jette ses dernières forces dans une bataille pour défendre ses droits et secourir une femme et ses enfants (Daniel Blake ne serait-il pas Ken Loach lui-même ?). La simplicité du dispositif formel est au service de l’émotion et de l’humanité des personnages, l’économie de moyens laissant apparaître crûment la dramatique obscénité de la réalité. Si le film contient des scènes inoubliables et bouleversantes d’émotion, il évite tout sentimentalisme grâce à la sobriété de la mise en scène de Loach, l’écriture précise de son fidèle scénariste Paul Laverty, et l’interprétation juste et touchante de comédiens absolument parfaits. Un film radical et sans concession, indispensable. ⎥ AUDREY PAILHÈS

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