Tout juste diplomée du cursus Réalisation de la Fémis, Anne-Sophie Bailly présente deux projets cette année au sein de deux sélections prestigieuses : Le Procès du chien (de Laetitia Dosch) qu’elle a co-écrit à Cannes et Mon inséparable, son premier long-métrage derrière la caméra, à Venise. Avant d’écrire et de réaliser, Anne-Sophie Bailly s’est formée au jeu à la National Theater School d’Irlande ainsi qu’aux Conservatoires de Paris et de Toulouse. C’est sûrement ce goût pour l’acting qui lui permet de dresser un casting de choix pour ce premier film en mettant en scène Laure Calamy et les jeunes Charles Peccia-Galletto et Julie Froger. Mon inséparable est porté par le talent brut de Laure Calamy, que l’on connaît pour ses rôles de femmes fortes, souvent mères (dans À plein temps ou Une femme du monde). Ici, elle est une maman devenue co-dépendante et fusionnelle avec son fils, réalisant après trente ans à s’être enfermée dans le soin et l’attention, qu’elle peut, elle aussi, redevenir autonome. En situant le récit au moment d’une crise familiale, causée par la décision de Joël de devenir père, la réalisatrice choisit de souligner l’émancipation de la mère.
Mon inséparable est une exploration inédite et délicate de la famille car le handicap devient une loupe pour définir la parentalité et la transmission. Sans juger, ni caricaturer, Anne-Sophie Bailly pose un très beau regard sur la complexité de l’être humain et prouve qu’un nouveau schéma familial peut se construire. Un traitement presque documentaire donne au spectateur la sensation d’accompagner les personnages dans leurs changements. Le film choisit le mouvement car mère et fils partent en cavale dans le nord de la France, se perdent, pour mieux se retrouver. Dans la sobriété de la mise en scène et dans la pudeur de la narration du soin, nous retrouvons ce qu’implique parfois le rapport parent-enfant : de la douceur mais aussi de la violence. Un film humain et un portrait de famille assurément prometteurs. Une cinéaste à suivre. – Alix Daul