C’est le « feel good movie » du mois de mai. Une ouverture de Cannes toute en douceur, un tantinet mélancolique mais en chansons. Un premier film qui joue la carte du cinéma populaire de qualité, une histoire pas si originale au fond, mais chaleureuse, bien racontée, avec un casting où l’on sent une belle sincérité et une énergie tranquille.
Après Vingt Dieux, Leurs Enfants après eux, La Pampa, Chien de la casse et bien d’autres titres, le cinéma français semble musarder de plus en plus, du côté de la province, de la campagne, des milieux popus (ici, un restaurant routier comme décor principal pas vu au cinéma depuis… Des gens sans importance, de Henri Verneuil en 1956 !). Et l’on ne peut que s’en féliciter. Comme dans le bon cinéma classique, la jeune réalisatrice Amélie Bonnin a soigné les dialogues tant pour les seconds rôles que pour les premiers, ce qui donne à l’ensemble un bel équilibre soutenu par un ton spontané, frais, enjoué et bien sûr « enchanté ». Car c’est bien sûr la bonne idée du film : à l’instar de On connaît la chanson d’Alain Resnais, Partir un jour est ponctué par quelques refrains d’hier et d’aujourd’hui (pour le coup, le film est habilement transgénérationnel). Quelques notes de musique en écho à une scène et le spectateur est emballé, touché. Un dispositif risqué mais qui reste discret, juste à sa place de contrepoint. Mais Partir un jour n’est pas juste un joli petit film sympathique. Sans avoir l’air d’y toucher, il vibre, de-ci de-là, sur les grandes choses de la vie. Et on voit poindre l’émotion au détour d’un plan ou d’une chanson, avec deux, trois bouffées d’envie et de nostalgie, joliment emmêlées. À voir donc.
François Aymé