Céline Sciamma a reçu, à Cannes, le prix du scénario. Récompense mé- ritée pour un récit au féminin, ancré dans l’Histoire, original dans tous les sens du terme. Mais elle aurait tout aussi bien pu recevoir le prix de la mise en scène : la maîtrise du cadre, de la lumière et le soin apporté aux décors, aux costumes, à l’enchâssement et à la composition des plans, sont suffisamment rares dans les productions actuelles pour être soulignés. Les deux autres prix que le jury aurait également pu attribués sont évidemment les prix d’interprétation féminine à Adèle Haenel et Noémie Merlant. Interprétations toutes en délicatesse et en intelligence de dialogues à l’exigence littéraire sans la manière théâtrale. Quel duo d’actrices, rare et suave à la fois. Céline Sciamma, qui après Naissance des pieuvres, Tomboy et Bandes de filles, s’est imposée comme une figure de la nouvelle génération de cinéastes français, a marié, avec réus- site, l’ambition et l’audace. Rompant avec tous les codes normatifs en vigueur, elle a fait confiance dans la magie du cinéma. Cette propension à nous installer, à son rythme, dans une histoire qui fait justement l’éloge du non-conformisme et qui s’attache à dépeindre les affres et les élans des sentiments avec, pour génial truchement, la relation d’un peintre et de son modèle. La réalisatrice fait le portrait de deux femmes belles et fortes, qui refusent de se résigner, de renoncer, dans une société qui les ampute de leurs désirs. La peinture somptueuse d’un combat au féminin. ⎥ François Aymé

PORTRAIT DE LA JEUNE FILLE EN FEU
Réalisateur(s) : Céline Sciamma
Acteur(s) : Noémie Merlant, Adèle Haenel, Luàna Bajrami
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 2h0
Synopsis : 1770. Marianne est peintre et doit réaliser le portrait de mariage d’Héloïse, une jeune femme qui vient de quitter le couvent. Héloïse résiste à son destin d’épouse en refusant de poser. Marianne va devoir la peindre en secret. Introduite auprès d’elle en tant que dame de compagnie, elle la regarde.