Moins décadente que l’archiduchesse incomprise vendue à Louis XVI, Priscilla (Cailee Spaeny, prix d’interprétation à la Mostra de Venise) s’imagine un temps avoir tiré le gros lot – le grand amour, le luxe, la fantaisie – avant de se laisser absorber par la vie du King (Jacob Elordi) qui se trouve bien incapable de consommer leur mariage. Le film s’ouvre sur des images qui ont valeur de programme : elle enfonce ses petits pieds aux ongles délicatement vernis dans une moquette moelleuse. Elle fixe au bord de sa paupière une rangée de faux cils. Dans son miroir, se reflète un disque d’Elvis… Une description en forme de métamorphose pour une jeune femme qui va, pendant les dix années à venir, se conformer à ce que son célèbre mari attend d’elle. Variation sur l’adolescence (après Virgin Suicides, Lost in Translation, Marie-Antoinette, etc… en somme à peu près toute l’œuvre de la réalisatrice), le film traite aussi de la société de consommation, des femmes au foyer, des époux, des sixties, du rock’n’roll, de la drogue, et raconte, à travers l’illusion de la belle vie, la hantise de la solitude et de l’ennui. D’après les Mémoires de Priscilla Presley, Elvis et moi, parues aux Etats-Unis en 1985. ⎥ LE MONDE
PRISCILLA
Réalisateur(s) : Sofia Coppola
Acteur(s) : Cailee Spaeny, Jacob Elordi, Dagmara Dominczyk
Genre(s) : Biopic, drame
Origine : USA
Durée : 1h53
Synopsis : Quand Priscilla rencontre Elvis, elle est collégienne. Lui, à 24 ans, est déjà une star mondiale. De leur idylle secrète à leur mariage iconique, Sofia Coppola dresse le portrait de Priscilla, une adolescente effacée qui lentement se réveillera de son conte de fées pour prendre sa vie en main.