Les auteurs, tels que Nabil Ayouch, qui réus- sissent à construire une œuvre cinématogra- phique dédiée au Maghreb, à ses histoires, à son actualité politique, sociale, se comptent sur les doigts d’une seule main. On se sou- vient du fort impact de Much Loved, à la fois, pour son audace (traiter de manière frontale de la prostitution au Maroc aujourd’hui était une première), pour la sensibilité de l’écriture et de l’interprétation, mais aussi malheureu- sement pour les attaques subies par l’actrice principale.
Avec Razzia, Nabil Ayouch maintient le cap : sujet ambitieux, belle narration, interprétation de grande tenue. Il livre un film choral, entre- mêlant habilement les récits, les temporalités, s’approchant de très près de magnifiques personnages tour à tour résistants et désabusés, entre volontarisme, renoncement et révolte. L’auteur fait comme à son habitude voler en éclat les clichés touristiques, médiatiques. L’ouverture dédiée au quotidien d’un instituteur dans un village berbère accroché aux montagnes est saisissante. La langue arabe doit y être brutalement imposée aux enfants. Tout est dit en trois phrases et deux plans. Nabil Ayouch sait aller à l’essentiel comme il sait aussi troquer la fibre politique pour une veine sentimentale toute en délicatesse. On ne peut que saluer sa conscience politique lucide, son empathie contagieuse ainsi que son sens maîtrisé de la dramaturgie. ⎥ François Aymé
RAZZIA
Réalisateur(s) : Nabil Ayouch
Acteur(s) : Maryam Touzani, Arieh Worthalter, Dounia Binebine
Genre(s) : Drame
Origine : Maroc
Durée : 1h59
Synopsis : A Casablanca, entre le passé et le présent, cinq destinés sont reliées sans le savoir. Différents visages, différentes trajectoires, différentes luttes mais une même quête de liberté. Et le bruit d’une révolte qui monte….