Ce film d’une grande sensibilité traite d’un sujet grave, la violence conjugale, avec beaucoup d’intelligence et de singularité. Du mari violent, on ne saura pas grand chose : une vague silhouette aperçue, une voix au téléphone. Mais cette menace fantôme est bien réelle et d’autant plus angoissante qu’elle est invisible. Le film se focalise sur les deux fuyards et c’est toute son originalité et sa force : il montre d’un côté, la terreur, la douleur physique de la femme et de l’autre, l’incompréhension et les déchirures du jeune garçon, belle figure d’un enfant jeté dans un monde qu’il na pas désiré. Diego Lerman joue en effet sur une double dualité : celle des points de vue dans la narration et celle des rythmes dans la construction. Ce dispositif génère une énergie esthétique et narrative, entre action et réflexion. Cette puissance est portée par la forte présence des deux acteurs principaux : la confirmée Julieta Diaz dans le rôle de la mère est très émouvante. Et on n’oubliera pas de sitôt le visage du jeune garçon, interprété par Sébastian Molinaro, figure ronde et bouclée d’un ange de la Renaissance perdu dans la violence et l’absurdité du monde des adultes. – Jean-François Cazeaux

REFUGIADO
Réalisateur(s) : DIEGO LERMAN
Acteur(s) : JULIETA DIAZ, SEBASTIAN MOLINARO…
Genre(s) : drame
Origine : Argentine / Colombie / France / Pologne / Allemagne
Durée : 1h33
Synopsis : Laura et son fils de 7 ans quittent précipitamment leur appartement pour échapper à l’emprise d’un père menaçant. Les deux fugitifs s’engagent alors dans une course contre la montre à la recherche d’un refuge et d’une nouvelle vie…