Ce nouveau film signé du toujours surprenant Guillaume Nicloux ne contient quasiment pas de scène sans la présence de Sandrine Kiberlain. Sarah Bernhardt, La Divine ou quand une actrice au talent immense incarne une comédienne de légende dans un faux biopic pétri d’incertitudes… Inutile de préciser que la surprise est permanente dans une œuvre guidée par le plaisir pur. « J’ai toujours un fond d’anarchisme punk qui me conduit à m’intéresser à des figures rebelles et à contre-courant, nourrie au “ni Dieu ni maître”, détaille Guillaume Nicloux. Sarah Bernhardt fait partie de ces personnes vampires, capables de vous aspirer par leur présence, leurs exigences et leurs contradictions, leur générosité et leur démesure. » La Divine s’ouvre sur une fausse scène d’agonie « où l’on peut se laisser prendre au leurre, pour installer définitivement l’engagement qu’elle mettait dans ses rôles » explique Kiberlain qui a accompagné le projet dès les premières moutures du scénario. Écrit dans une grande liberté par Nathalie Leuthreau (« assumant le mensonge dans sa plus belle sincérité » !), ce dernier ne s’interdit rien, y compris le récit émouvant d’une liaison – jamais avérée – de Sarah avec Lucien Guitry, le père de Sacha. Nicloux n’est pas en reste dans ses choix de mise en scène tout aussi affranchis d’une trop pointilleuse rigueur historique : l’anachronisme des décors (des tableaux de Monet ou de Munch figurent dans le salon de Sarah Bernhardt alors qu’ils ne les ont pas encore peints) sied parfaitement à une star qui finissait elle-même par ne plus savoir départager le faux du vrai dans sa propre vie. Tourné caméra à l’épaule, monté au rythme des musiques de Ravel, Debussy, Chopin et autres Schubert, le film est une valse de portraits mondains savoureux (mention à Amira Casar, spectaculaire en Louise Abbéma éplorée), dans des intérieurs cossus où fusent les bons mots (« Il réfléchit, il réfléchit. Mais quand il aura fini de réfléchir, je serai morte ! ») et les vacheries pleines d’esprit. Le rire gouailleur d’une Kiberlain ô combien percutante le dispute avec la subtilité de jeu qu’elle partage talentueusement avec Laurent Lafitte. Véritable ode à l’affabulation et au jeu, La Divine est autant un divertissement qu’un hommage magnifique aux comédiens. Avant d’aller jouer, lorsque Sarah Bernhardt lance un sonore « Laissez-moi, il faut que je me quitte ! », tout est dit des acteurs et c’est d’une bouleversante vérité. – Nicolas Milesi

Sarah Bernhardt, La Divine
Réalisateur(s) : Guillaume Nicloux
Acteur(s) : Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte, Amira Casar, Pauline Etienne, Mathilde Ollivier
Genre(s) : drame, Romance
Origine : France, Belgique
Durée : 1h38
Synopsis : Paris, 1896. Sarah Bernhardt est au sommet de sa gloire. Icône de son époque et première star mondiale, la comédienne est aussi une amoureuse, libre et moderne, qui défie les conventions. Découvrez la femme derrière la légende.
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