SERRE MOI FORT

SERRE MOI FORT

SERRE MOI FORT

Réalisateur(s) : Mathieu Amalric
Acteur(s) : Vicky Krieps, Arieh Worthalter
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 1h37
Synopsis : Ça semble être l'histoire d'une femme qui s'en va.

Voilà un synopsis qui en dit bien peu et qui pourtant ne saurait être plus juste pour résumer Serre-moi fort, une œuvre située dans les marges les plus créatives du cinéma. Les amateurs de théâtre et de dramatiques radiophoniques connaîtront Claudine Galea, l’auteure de la pièce (« Je reviens de loin », 2003) dont Serre-moi fort s’inspire. Elle a co-écrit le scénario avec Mathieu Amalric, insufflant au film la musicalité et l’inventivité prégnantes dans l’œuvre originale – des caractéristiques idoines pour l’auteur de Tournées (2010) et de Barbara (2017).Ce n’est pas révéler la nature profonde de cette histoire aux allures souterrainement entrelacées – à l’image des polaroïds mélangés puis arbitrairement retournés par l’héroïne dans la séquence d’ouverture – que de dire qu’elle oscille entre le portrait de famille et celui d’une femme qui semble au cœur de l’intrigue. Et c’est pour mieux appréhender ce mystère que la mise en forme de Serre-moi fort est artistiquement audacieuse, bien avant que d’être une coquetterie ou un tour de force intellectuel. La musique serait la métaphore la plus pertinente pour définir les mouvements auxquels le film invite ; une musique allemande dont Les parfums, les couleurs et les sons se répondent en écho, livrant une œuvre dans laquelle toute notion de chronologie semble abolie peu à peu. Beauté de la lumière et des mises au point mouvantes, travail tout aussi discriminé sur le son, montage qui télescope les instants et les objets, Serre-moi fort superpose les possibles, guette dans le passé un présent idéalisé ou révèle d’hypothétiques futurs dans la pureté de l’instant présent. La grâce et la poésie sont beaucoup convoquées pour raconter une histoire indicible autrement. Dans les pas de la charismatique Vicky Krieps (Phantom Thread, Bergman Island), nous parcourons une narration vertigineuse à la mise en scène inspirée, guidés par l’incarnation rassurante des personnages et par l’amour qui les unie et qui les guide comme une voix chuchotée dans le creux de l’oreille. Humanisme magnifique de ce film hyper sensible qui parvient à montrer tout ce qui, dans l’amour, demeure le sens ultime de l’existence – infiniment, même après que la tragédie l’a dévastée. Du très beau cinéma. ⎥ Nicolas Milesi

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