SOUS LES ÉTOILES DE PARIS

SOUS LES ÉTOILES DE PARIS

SOUS LES ÉTOILES DE PARIS

Réalisateur(s) : Claus Drexel
Acteur(s) : Catherine Frot, Mahamadou Yaffa, Jean-Henri Compère
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 1h30
Synopsis : Depuis de nombreuses années, Christine vit sous un pont, isolée de toute famille et amis. Par une nuit comme il n’en existe que dans les contes, un jeune garçon de 8 ans fait irruption devant son abri. Suli ne parle pas français, il est perdu, séparé de sa mère… Ensemble, ils partent à sa recherche. A travers les rues de Paris, Christine et Suli vont apprendre à se connaître et à s’apprivoiser. Et Christine à retrouver une humanité qu’elle croyait disparue.

Pour ce retour à la fiction après deux opus marquants dans le cinéma documentaire (America, sur l’élection présidentielle américaine, fut sélectionné aux César 2019), Claus Drexel reste fidèle à une préoccupation déjà revendiquée lors de son film Au bord du monde (2014), consacré aux sans-abris et magnifiquement éclairé par le photographe de rue Sylvain Leser : « J’éprouve un profond attachement pour ces gens qu’on filme trop souvent avec une image peu soignée. Je souhaitais cultiver leur beauté, leur sensibilité et leur poésie.» De fait, dans Sous les étoiles de Paris, la splendeur s’invite dès les premières images, sublimant la Ville Lumière et ses quais de Seine sur lesquels survit Christine, une sans-abri comme tout droit sortie d’un roman d’Eugène Sue. Incarné par la comédienne Catherine Frot et le talent ciselé qu’on lui connaît, le personnage de Christine fut inspiré par une des protagonistes bien réelles de Au Bord du monde. Car, en dépit des éclairages dignes d’un Rembrandt ou d’un de la Tour, c’est bien du XXIe siècle dont il s’agit ici, avec, en sus, sa crise migratoire qui n’a rien à envier à la cruauté de La Petite Fille aux allumettes. Dans un élan semblable à celui d’un Chaplin livrant Le Kid au goût du grand public pour la fiction, Claus Drexel pousse ses personnages dans la lumière et le bruit du monde, loin de leur lente solitude, mais en préservant leur dignité grâce aux atours assumés d’un cinéma porté sur l’onirisme et les images d’Epinal. Le charme opère et le spectateur s’engouffre avec Christine et le jeune Suli (Mahamadou Yaffa, à l’expressivité touchante) dans la cartographie du Grand Paris de la pauvreté, non sans d’inquiétants méandres. Sous les étoiles de Paris est-il un conte cruel ou un conte qui finit bien ? Quoi qu’il en soit, en plongeant une pauvreté archétypale dans la réalité d’aujourd’hui, le film de Claus Drexel participe à réveiller les consciences les plus rétives. ⎥ Nicolas Milesi

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