Sa sortie le 3 mai dernier a sans doute été occultée par le succès de Je verrai toujours vos visages, sur un sujet proche. Pourtant, Temps mort mérite la même attention, en offrant une approche différente du film de Jeanne Herry, plus naturaliste et donc d’une certaine manière plus âpre, mais tout aussi poignante. Car il n’est ici pas encore question de « réparation » ni véritablement de réinsertion pour les trois détenus du film, puissamment interprétés par Karim Leklou, Issaka Sawadogo et Jarod Cousyns. Seulement d’une courte échappatoire qui s’avérera peut-être plus destructrice que bienfaitrice. Bénéficiant de l’expérience d’Ève Duchemin, ayant déjà réalisé un documentaire en milieu carcéral, le film vient en effet pointer avec authenticité la difficulté à reprendre contact avec le monde et à éviter les faux pas au sortir d’une prison qui prive de repères et de liens affectifs. Malgré de brefs moments d’insouciance – certains incroyablement touchants – tout ramène ces trois hommes à leurs statuts de fautifs. Sans polémique ni parti pris, Temps mort vient ainsi interroger l’idée de « seconde chance » et le regard que nos portons sur celles et ceux qui ont été condamnés.
TEMPS MORT
Réalisateur(s) : Eve Duchemin
Acteur(s) : Karim Leklou, Issaka Sawadogo, Jarod Cousyns
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 1h58
Synopsis : Pour la première fois depuis longtemps, trois détenus se voient accorder une permission d’un week-end. 48h pour atterrir. 48h pour renouer avec leurs proches. 48h pour tenter de rattraper le temps perdu…