tom à la ferme

tom à la ferme

tom à la ferme

Réalisateur(s) : Xavier Dolan
Acteur(s) : Xavier Dolan, Pierre-Yves Cardinal, Lise Roy...
Genre(s) : drame âpre et inquiétant
Origine : Canada, France
Durée : 1h42
Synopsis : Un jeune publicitaire voyage jusqu'au finfond de la campagne pour des funérailles et constate que personne n’y connaît son nom ni la nature de sa relation avec le défunt. Lorsque le frère aîné de celui-ci lui impose un jeu de rôles malsain visant à protéger sa mère et l'honneur de leur famille, une relation toxique s'amorce bientôt...

En adaptant la pièce du dramaturge québécois Michel Marc Bouchard, Xavier Dolan change de cap. Certes, l’auteur de
J’ai tué ma mère retrouve des thématiques qui lui sont chères : la détresse maternelle, le rapport à la famille et au
patelin. Mais le réalisateur prodige fait oeuvre innovante puisqu’il fait entrer beaucoup d’étrangeté dans son récit,
en suscitant une angoisse crescendo. On soupçonne une violence sourde dans Tom à la ferme, longtemps avant qu’elle
ne soit explicitée. Entre plans chocs et séquences visuellement bluffantes, Dolan confirme à nouveau un vrai talent.
Ici, une carcasse animale tirée par un fermier change en quelques secondes la teneur d’un plan ; là, une coursepoursuite
dans un champs de maïs digne de John Carpenter suinte d’une brutalité graphique, quasi abstraite… Une
relation trouble et complexe est au coeur du film : celle de Tom avec Francis, le frère de son défunt compagnon. Car
Tom à la ferme est bien plus que le récit d’un coming out empêché. À ce titre, désireux de « protéger [son] film
des étiquettes et des ghettos », Xavier Dolan ne souhaita pas que l’exergue de la pièce de Bouchard apparaisse dans
le film : « Avant d’apprendre à aimer, les homosexuels apprennent à mentir ». C’est pourtant une clé pertinente –
certes pas la seule – pour appréhender cette histoire de perversion et de deuil.
Dolan travaille déjà à la post-production de Mommy, son prochain opus. Et qu’un rendez-vous cannois soit probable
ou pas, Tom à la ferme paraît d’autant plus constituer une sorte de film-essai inabouti mais fulgurant. Et qui vaut le
détour. ⎥ NICOLAS MILESI

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