On peine à croire, en découvrant ces plans si denses, cette histoire si riche en événements et en rebondissements, qu’il s’agit d’un documentaire. Le sentiment d’être face à un récit, certes ancré dans le réel, mais très écrit – trop bien écrit se dit-on parfois, tant il évite systématiquement les écueils liés à son sujet, esquivant aussi bien le misérabilisme que l’angélisme béat –, est renforcé par la trajectoire extraordinaire de Totonel et de sa sœur Andrea, par leurs caractères lumineux et le contraste qu’ils opposent à leur entourage, et plus particulièrement à cette mère que rien, pas même la bienveillance avec laquelle l’approche le réalisateur, ne semble en mesure de sauver. (…) Le grand talent du cinéaste est d’avoir su trouver, et mettre en confiance, des personnages suffisamment hors normes pour, d’un côté, incarner la misère, la violence et l’abandon auxquels sont relégués les Roms de Roumanie, et, de l’autre, donner à son film, en s’appuyant sur la passion que le petit garçon développe pour le hip-hop, un parfum de conte de fées – et cela sans édulcorer l’âpreté de leurs existences. ⎥ LE MONDE
TOTO ET SES SŒURS
Réalisateur(s) : Alexander Nanau
Acteur(s) : Documentaire
Genre(s) : Documentaire
Origine : Roumanie
Durée : 1h34
Synopsis : Au cœur d’une famille rom en pleine désintégration, émerge la figure de Totonel, 10 ans, dit Toto. Avec passion il apprend à lire, écrire et danser. Surtout danser et gagner le grand concours de Hip Hop. Au milieu du chaos ambiant, ses deux sœurs essayent de maintenir le mince équilibre de la famille. Le récit cinématographique d’Alexander Nanau enregistre sans pose, à hauteur d’Homme, la vie de Toto et de cette famille qui manque de tout, sauf d’humour et d’amour.