Tu ne mentiras point

Des jeunes filles brimées, enfermées  dans une institution catholique qui cultive la violence, le secret et les mensonges, avec l’assentiment tacite et le silence de toutes les strates de la société environnante. Nous sommes ici, en Irlande, dans les années 1980. Le film fait irrésistiblement penser aux Magdalene Sisters, le chef d’œuvre de Peter Mullan qui avait tant bouleversé le public (et annonçait avec audace les révélations d’aujourd’hui. Mais ici avec Tu ne mentiras point (au titre original si différent : Small Things Like These), le cinéaste Tim Mielants change de point de vue, en adoptant celui d’un témoin extérieur à l’institution. Qu’est-ce que l’on sait vraiment de ce qui se passe dans un lieu fermé ? Qu’est-ce que l’on devine ? Que peut-on dire et que risque-t-on à briser le silence ? Via une photographie gris-bleue crayonneuse, assez envoûtante, le cinéaste nous plonge dans une Irlande ouvrière, rude, où les conventions sociales et religieuses dictent chaque mot, chaque comportement du quotidien. Où l’arbitraire et le patriarcat peuvent s’abattre sur de jeunes filles innocentes comme la foudre. Cillian Murphy est tout simplement parfait dans son interprétation, oscillant sans cesse entre mauvaise conscience, lâcheté et courage. Quand à Émily Watson, ici totalement à contre-emploi, elle incarne à merveille l’étreinte sociale de l’abus de pouvoir. – François Aymé