Marquant le retour en compétition cannoise de l’auteur iranien Asghar Farhadi habitué des distinctions internationales, Un héros semblait mettre enfin les festivaliers d’accord au sein d’une sélection particulièrement clivante. Cette fable à l’efficacité impitoyable vibre d’un humanisme qui repose sur une mécanique prodigieusement rigoureuse, et évite ainsi tout excès ou lourdeur émotionnelle malgré la gravité du récit. L’acteur principal incarne avec une authenticité touchante et toutes les nuances d’ambiguïté le trajet kafkaïen d’un homme aux prises avec un engrenage cruel, qui se déploie au gré d’une tension proche d’une rythmique de thriller, et rappelle aussi les ressorts des récits réalistes de Ken Loach dont se dégage une forme similaire de vérité et d’empathie. La redoutable précision du scénario et de la mise en scène permet à Farhadi de produire une critique de l’Iran contemporain, en exposant les injustices d’un système aux mains d’autorités arbitraires et défaillantes, mais aussi les faiblesses et imperfections morales qui deviennent celle des sociétés à force de se répandre à l’échelle individuelle. Un film puissant et intelligent, qui captive autant qu’il offre à réfléchir : sans conteste l’un des grands films de son réalisateur et de l’année. ⎥ Audrey Pailhès
UN HÉROS
Réalisateur(s) : Asghar Farhadi
Acteur(s) : Amir Jadidi, Mohsen Tanabandeh, Sahar Goldust
Genre(s) : Thriller, Drame
Origine : Iran
Durée : 2h7
Synopsis : Rahim est en prison à cause d’une dette qu’il n’a pas pu rembourser. Lors d’une permission de deux jours, il tente de convaincre son créancier de retirer sa plainte contre le versement d’une partie de la somme. Mais les choses ne se passent pas comme prévu…