Une femme iranienne

Une femme iranienne

Une femme iranienne

Réalisateur(s) : NEGAR AZARBAYJANI
Acteur(s) : QAZAL SHAKERI, SHAYESTEH IRANI, SABER ABBAR, MARYAM BOUBANI...
Genre(s) : sujet sensible délicatement abordé
Origine : Iran/Allemagne
Durée : 1h42
Synopsis : Rana, épouse fidèle et pieuse, survit en se faisant chauffeur de taxi, pour rembourser la dette qui empêche son mari de sortir de prison. Elle prend en charge Eddie/Adineh, riche et rebelle, qui est désespérément en attente d’un passeport pour quitter le pays. Quand elle découvre les raisons de sa révolte, malgré ses réticences, elle décide de l’aider...

Le cinéma iranien n’a décidément pas fini de nous étonner et de nous passionner. Peu après la sortie de Taxi Téhéran de Jafar Panahi et surtout dans la lignée des films d’Asghar Farhadi (Une séparation, A propos d’Elly, La Fête du feu), la réalisatrice Negar Azarbayjani nous propose dans son premier long métrage un regard peu commun sur la situation des femmes dans l’Iran contemporain. Elle aborde le thème des personnes transgenre et de leur acceptation par leur famille et par la société, par le biais d’une rencontre fortuite entre deux personnages issus de milieux différents et porteurs de valeurs et d’aspirations autres. Deux destins contrariés pour dire la discrimination, la peur de la différence, le désir de liberté, dans un contexte oppressant de pouvoir patriarcal, de mariage arrangé, de surveillance sociale de la réputation de chacun. Passée l’incompréhension mutuelle initiale, le voyage effectué par les deux protagonistes leur permettra – et à nous aussi par la même occasion – de dépasser les réticences et les stéréotypes sur les femmes musulmanes. Le titre anglais Facing Mirrors est de ce point de vue-là beaucoup moins réducteur que celui choisi par le distributeur français. Il s’agit davantage de montrer l’évolution de chacun/e à travers le reflet qui lui est renvoyé. Cette compréhension progressive et cette amitié naissante se manifestent notamment à travers une scène particulièrement émouvante où l’une et l’autre se confient leurs blessures. La caméra se concentre sur la route sinueuse tandis qu’on entend seulement la voix de Rana et Eddie. Tous les personnages sonnent juste, avec les failles de chacun (le père, le frère), mais les deux interprètes sont exceptionnelles de gravité et d’émotion (Shayesteh Irani avait déjà été récompensée pour son rôle dans Hors Jeu) et le récit, construit de façon classique, y gagne-là une belle profondeur. – MICHÈLE HÉDIN

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