UNE FILLE FACILE

UNE FILLE FACILE

UNE FILLE FACILE

Réalisateur(s) : Rebecca Zlotowski
Acteur(s) : Mina Farid, Zahia Dehar, Benoît Magimel
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 1h31
Synopsis : Naïma a 16 ans et vit à Cannes. Alors qu'elle se donne l'été pour choisir ce qu'elle veut faire dans la vie, sa cousine Sofia, au mode de vie attirant, vient passer les vacances avec elle. Ensemble, elles vont vivre un été inoubliable.

La Côte d’Azur en cinémascope, un générique au lettrage vintage comme sorti de La Comtesse aux pieds nus… Dès ses premiers plans, Une fille facile paraît s’inscrire dans un univers cinématographique familier et un peu suranné, du temps où Preminger adaptait Bonjour tristesse de Sagan, ce temps où le cinéma de Vadim faisait rêver les starlettes…
C’est une œuvre façonnée de soubassements romanesques que nous propose Rebecca Zlotowski. Une fille facile est un récit plus initiatique que proprement réaliste, dans lequel la jeune Naïma (lumineuse Mina Farid) va faire l’apprentissage de son propre système de valeur, à la fois féministe – libéré des rivalités féminines et de la domination masculine – et pleinement revendiqué – libéré des rapports de classe. L’habile scénario écrit à quatre mains fera probablement débat, tant le film met au plein soleil de la Riviera des rapports de domination d’une cruauté d’habitude plus feutrée. Que ce soit par l’argent, par la caste sociale, par le savoir culturel ou par le sexe, les rouages du film mettent à l’œuvre les moyens dont chacun use pour asseoir son pouvoir. Au sommet de la pyramide, le cynisme et l’hypocrisie sont rois dans un monde insatiable et qui monétise tout, les œuvres d’art comme les personnes. À ce titre, le personnage de la cousine Sofia, à qui la plastique fantasmatique revendiquée autorise un parcours transversal – de la plage des quidams au yacht des milliardaires – constitue un puissant totem du film. Incarnée par la sulfureuse Zahia Dehar (connue à la ville pour une affaire de mœurs impliquant des footballeurs de l’équipe de France), Sofia traverse ce conte d’été quasi rohmerien sans état d’âme, semblant embrasser le rôle qu’on lui assigne avec une douceur confondante. C’est pourtant grâce au sillage éphémère de ce personnage solaire que Naïma s’émancipera et trouvera sa voie. Tandis que, au passage, chaque spectateur ne manquera pas de questionner le cliché de « la fille facile »… ⎥ Nicolas Milesi

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