Vermiglio ou La Mariée des Montagnes

Après Maternal (2020), dont l’action se passait dans un foyer de Buenos Aires pour jeunes mères adolescentes obligées de repenser leur rapport à la maternité, Maura Delpero poursuit dans sa veine à la fois réaliste et poétique, livrant une œuvre très personnelle, puisque située dans le village d’enfance de son père, pendant quatre saisons dans la vie de sa grande famille. Chronique intimiste aux prises de vues sublimes, Vermiglio affiche en creux une belle modernité : en plus de dépeindre une société disparue où le collectif immédiat – le village – et lointain – la guerre – façonnait les destins individuels, la cinéaste nous invite à questionner instinctivement les apparences de cette société patriarcale par l’importance centrale que son récit donne aux personnages féminins. À la fois récit d’apprentissage et cruelle histoire d’amour, Vermiglio est un film d’histoire âpre et romanesque, aux revirements subtils et aux silences remplis de chuchotements édifiants. À mi-chemin entre L’Arbre aux sabots d’Ermanno Olmi et Les Merveilles d’Alice Rohrwacher, le film de Maura Delpero s’inscrit magnifiquement dans le sillage du cinéma italien le plus sensible. Un Lion d’argent à Venise ô combien mérité ! – Nicolas Milesi