Bertrand Tavernier nous invite à une promenade cinéphilique et autobiographique passionnante. Tavernier aime admirer et il nous fait partager ses émerveillements, il nous les explique. Il fait également le récit de son apprentissage d’amoureux du cinéma, de simple spectateur à animateur de ciné-club, d’attaché de presse au métier de cinéaste.
Il a ainsi réalisé un travail de titan dans la recherche d’extraits, d’ayants droits pour, in fine, tisser un montage qui entremêle des morceaux d’anthologie, des interviews et sa propre voix off qui raconte. Il raconte le charme de Simone Signoret et de Serge Reggiani dans Casque d’or, l’empathie constante de Jacques Becker pour ses personnages, les fabuleuses séquences du Jour se lève, le jeu-caméléon de Gabin, les colères de Sautet, les lubies de Melville, le génie de Godard, les mélodies fabuleuses de Maurice Jaubert au destin si tragique. Et puis, tel Henri Langlois veillant sur sa malle aux trésors, Bertrand Tavernier ressort de l’oubli Macao, l’enfer du jeu, avec l’inoubliable Mireille Balin et Erich Von Stroheim, au visage de Janus à moitié recouvert d’un masque. Il réhabilite le trop méconnu Edmond T. Gréville et donne un coup de chapeau, plans à l’appui, à Eddie Constantine. Voyage à travers le cinéma français est un tourbillon. Il donne envie de voir, de revoir. D’aller cueillir les perles de l’Histoire du cinéma et de les enfiler sur son lecteur DVD. On a tellement besoin de guide qui, loin de tout didactisme ou de tout dogmatisme, de manière subjective assumée, revendique des élans, des films
« collector » qui font vibrer. Bertrand Tavernier nous a fait ce cadeau. Cerise sur le gâteau : nous aurons le privilège de l’écouter compléter, illustrer son propos. À ne surtout pas manquer. ⎥ François Aymé
VOYAGE À TRAVERS LE CINÉMA FRANÇAIS
Réalisateur(s) : Bertrand Tavernier
Acteur(s) : Bertrand Tavernier, André Marcon
Genre(s) : Documentaire
Origine : France
Durée : 3h15
Synopsis : Ce travail de citoyen et d’espion, d’explorateur et de peintre, de chroniqueur et d’aventurier qu’ont si bien décrit tant d’auteurs, de Casanova à Gilles Perrault, n’est-ce pas une belle définition du métier de cinéaste que l’on a envie d’appliquer à Renoir, à Becker, au Vigo de l’Atalante, à Duvivier, aussi bien qu’à Truffaut ou Demy. A Max Ophuls et aussi à Bresson. Et à des metteurs en scène moins connus, Grangier, Gréville ou encore Sacha, qui, au détour d’une scène ou d’un film, illuminent une émotion, débusquent des vérités surprenantes. Je voudrais que ce film soit un acte de gratitude envers tous ceux, cinéastes, scénaristes, acteurs et musiciens qui ont surgi dans ma vie. La mémoire réchauffe : ce film, c’est un peu de charbon pour les nuits d’hiver.