Woody Allen n’a jamais été aussi proche de Tchekhov. Du dramaturge, il possède à la fois l’humour acide, la force du trait et une apparente légèreté lovée dans un schéma narratif plus complexe qu’il n’y paraît. Le fait qu’Anton Tchekhov soit cité par l’un des personnages principaux du film – le pimpant Justin Timberlake alias Mickey le maître-nageur – incite au rapprochement. Mais pas que. Ce portrait croisé de personnages filmés dans le cadre resserré d’un bout de plage du Coney Island des années 50 – plus encore de la seule bicoque du couple Kate Winslet-Jim Belushi – a tout du dispositif théâtral. Ce petit champ de bataille où les gens se perdent dans un mal-être social et affectif évoque Les Trois Sœurs en version prolo. Ici aussi, l’absurde et le grotesque se mélangent au pathétique et à la noirceur pour mieux cerner les contours d’une vie en trompe-l’œil. (…°) Dans Wonder Wheel, chacun charrie avec lui son petit chaos personnel, souffre de ne pouvoir l’exprimer et semble faire fi de toute espèce de morale. »Les gens vertueux, écrit Tchekhov dans sa correspondance, sont comme des vierges endormies. » Avec Wonder Wheel, Woody Allen film un sursaut, un possible réveil d’êtres excessifs, le tout subtilement emberlificoté dans un vaudeville dynamique et bavard. Le cadre coloré et très vivant d’une station balnéaire dominée par les attractions lumineuses d’une fête foraine ajoute à l’expressivité de l’ensemble. Quant aux jeux de lumière de Vittorio Storato, ils sont d’une beauté à tomber à la renverse. Du très grand Allen, donc. ⎥STUDIO MAGAZINE

WONDER WHEEL
Réalisateur(s) : Woody Allen
Acteur(s) : Kate Winslet, Justin Timberlake, James Belushi
Genre(s) : Comédie
Origine : USA
Durée : 1h41
Synopsis : Ce film se déroule à Coney Island dans les années 1950, c’est une histoire d’amour pleine de passion, de personnages hors du commun, d’amants, d’infidélité et de gangsters.