120 BATTEMENTS PAR MINUTE
FRANCE · 2017 · 2H20 · AVEC NAHUEL PEREZ BISCAYART, ARNAUD VALOIS, ADÈLE HAENEL…
GRAND PRIX DU JURY – CANNES 2017
Début des années 90. Alors que le sida tue depuis près de dix ans, les militants d’Act Up- Paris multiplient les actions pour lutter contre l’indi érence générale. Nouveau venu dans le groupe, Nathan va être bouleversé par la radicalité de Sean…
Chronique d’Act Up-Paris dans les années 1990, le film de Robin Cam- pillo (Eastern Boys) se donne à voir comme le portrait de la « commu- nauté sida », telle que la nomma Didier Lestrade, l’un des fondateurs de l’association ; à savoir : les malades, leurs proches et le personnel médical combattant à leurs côtés. Dans ces années-là, les gays de- viennent acteurs de la lutte contre une épidémie qu’ils ont subie dans la décennie précédente. Au rythme des séquences de réunions houleuses et indispensables, le film déploie une narration obnubilée par l’action politique : celle d’un groupe d’individus jusque-là soigneusement dé- sincarnés dans les médias et qui n’ont de cesse que de revendiquer leur droit à la visibilité. (Quoi de plus cinématographique ?) La reconstitution historique est savoureuse, servie par comédiens en osmose et vibrant d’intensité. Robin Campillo, monteur habituel et scénariste fidèle de Laurent Cantet, nous subjugue par son montage : là il rapproche les lieux pourtant divers, ici il amalgame des instants cruciaux, ailleurs il transfigure l’étreintes des corps affaiblis… Toujours il travaille à abolir la frontière entre l’intimité des individus et l’action politique qui les anime. 120 Battements par minute instille magistralement la sensation du militantisme : urgent, chevillé au corps et qui fait feu de tout bois pour combattre les périls. C’est déchirant et galvanisant à la fois. Du très beau cinéma. ⎥ NICOLAS MILESI