Film suivi d’une discussion le vendredi 30 septembre à 20h. Ce temps d’échange a pour objectifs de donner librement la parole à chacun, d’échanger ses points de vue sur le film, de parler de cinéma, de permettre à tous de se forger une sensibilité par l’expérience commune du « voir ensemble » et par la discussion.
MERCENAIRE
De Sacha Wolff • FRA • 2016 • 1h52
Avec Toki Pilioko, Iliana Zabeth, Mikaele Tuugahala…
Soane, jeune Wallisien, brave l’autorité de son père pour partir jouer au rugby en métropole. Livré à lui-même à l’autre bout du monde, son odyssée le conduit à devenir un homme dans un univers qui n’offre pas de réussite sans compromission.
Le film est passionnant à plus d’un titre et peut se lire à plusieurs niveaux. C’est, bien entendu, un film sur le rugby qui fera beaucoup parler dans le petit monde de l’ovalie. Mais c’est aussi (et surtout) le récit du parcours initiatique d’un jeune garçon confronté à la brutalité de son père et à la cruauté du monde ; un film sur l’altérité des cultures et des corps, sur l’étrangeté de la condition humaine. Le rugby, sport de combat devenu professionnel, est aujourd’hui pratiqué par des mercenaires recrutés un peu partout dans le vaste monde, parfois en Géorgie, parfois en Argentine ou (beaucoup) dans les îles d’Océanie. Les « professionnels de la profession » sont des jeunes hommes musclés repérés par des sergents recruteurs qui font commerce de leurs corps… « Comme du bétail » dira un personnage du film. Soane, jeune rugbyman wallisien, contre l’avis de son père, accepte d’aller jouer en métropole. C’est le début d’un voyage qui va le voir échouer à 22 000 kilomètres de chez lui sur la pelouse un peu sordide d’un stade du Lot-et-Garonne. Le film s’appuie à la fois sur la puissance de la fiction et sur la force du documentaire : pas d’acteur professionnel pour interpréter les personnages (à l’exception d’Iliana Zabeth) mais d’authentiques Wallisiens ou rugbymen. Toki Polioko, dans le rôle de Soane, est étonnant et émouvant tout au long du film, à la fois corpulent et léger, violent et délicat… (L’ensemble du casting est remarquable). Wolff filme avec beaucoup de maîtrise et de sensibilité des corps humains impliqués dans un monde ritualisé (les rites, omniprésents, donnent du sens) dont le rugby est peut être la métaphore. – JEAN-FRANÇOIS CAZEAUX